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  • Titre original :
  • Koi Kaze
  • Titre français :
  • Koi Kaze

Artwork promotionnel Koi Kaze.

Inceste, n.m. : relations sexuelles entre proches parents (dont le mariage est interdit).
Koi Kaze (Le Vent de l’Amour) n’est qu’une simple série animée adaptée d’un manga de Motoi Yoshida (5 tomes, Kôdansha). Treize épisodes, une réalisation modeste, un staff quasi-anonyme. Une histoire d’amour entre Koushiro, 27 ans, et sa petite soeur Nanoka, 15 ans. Oh, j’en vois déjà se lever dans le fond, outrés par une relation “inceste et pédophile”. Mais ne nous arrêtons pas aux idées préconçues. Koi Kaze est la tendre histoire d’un amour sincère, une romance semblable à mille autres. Rarement thème aussi sensible aura été traité avec tant de maturité et de tendresse.

Walkin' on Heaven's door.

Employé dans une agence matrimoniale, Koushiro Saeki vient de se faire quitter par sa conjointe. Mais il n’en est pas affecté. A vrai dire, il aura déjà oublié cette rupture quelques jours plus tard. C’est ainsi qu’il vit, socialement déconnecté et sans réellement savoir pourquoi il existe. Il nous arrive à tous d’être hors de la réalité durant certains moments, n’est-ce pas ? Comprenons-le. “As-tu déjà aimé sincèrement, Koushiro ?”, lui demande son ex-compagne. ”...Non”. C’est par hasard qu’il fera la rencontre de Nanoka, lycéenne. Les détails n’ont que peu d’importance, l’essentiel est qu’elle lui apportera un semblant de bonheur : touché par sa gentillesse, il livrera ses sentiments profonds pour la première fois et éclatera en sanglots. Il n’apprendra que plus tard qu’il s’agit en fait de sa soeur cadette, venue vivre avec leur père et lui après une dizaine d’années passées chez leur mère. Koushiro avait oublié son visage. Il ne pouvait pas s’en rappeler, la séparation de leurs parents remonte à trop longtemps. Et puis, elle a tellement changé... Elle est devenue si mignonne, aujourd’hui.

Les jours passent. Koushiro et Nanoka vivent sous le même toit. L’un et l’autre commencent de plus en plus à s’attacher à leur “paire”. Confusion, tendresse, révolte, vertige. Il est trop tard pour jouer avec ses propres sentiments, maintenant.

Mauvaise position, try again.

Lui est arrogant, bourru, négligé. Pourtant il est profondément sensible. Il n’avait jamais connu l’amour auparavant. Mais il refuse de se laisser happer par cet étrange chamboulement des sens. Pas avec elle, pas sa soeur cadette. Koushiro (se) dissimule ses sentiments, met de la distance entre Nanoka et lui, connaît des accès de rage. Il se force à mener la même vie ordinaire qu’avant. Mais il ne pense qu’à elle, nuit et jour.

En fait, j’ai choisi cet emploi car je voulais ressentir la joie des gens, et leur tristesse.
Je voulais être à un endroit où les gens se rencontrent et se séparent.
Je pensais que, si je continuais à faire ça, je serais capable de faire la même chose un jour…
Koushiro.
Est-ce si formidable de tomber amoureux ? Est-ce quelque chose dont on peut se vanter ? Ca veut dire quoi “aimer” après tout ? Koushiro - bis.
Si elle découvrait la vérité sur moi, elle me détesterait sûrement. J’aurais voulu qu’elle ne soit pas ma petite soeur. Koushiro - ter.
Je veux la toucher. La serrer dans mes bras. Etre près d’elle. Non… je ne suis qu’un obsédé. Dis-lui… que tu es désolé d’avoir ce désir sexuel. Koushiro - quater.

Elle est sincère, extériorise ses sentiments malgré un tempérament un peu réservé. Une jeune fille attentionnée, qui n’a encore jamais embrassé un garçon. Mais elle n’est pas niaise. Nanoka aime son frère, consciemment, plus que ne le permet la morale. Elle est atteinte d’un furacon, ce même complexe fraternel que ses amies s’amusent à lui attribuer avec taquinerie. Si elles savaient…

Nanoka. Je ne suis pas aussi sérieuse qu’elles le croient…
Nanoka - bis. Je me demande si mon grand frère est beau ou pas.
Nanoka - ter. Pourquoi j’ai réagi comme ça ? Personne ne voudrait d’une petite soeur désagréable comme moi.
Nanoka - quater. Mon grand frère a toujours l’air contrarié, je ne sais pas vraiment ce qu’il se passe dans sa tête. Il est méchant et grincheux, pourtant parfois il est gentil… Et ça me surprend.

Autour d’eux, il y a Zensou, le père en mal d’amour, Futaba, meilleure amie de Nanoka, ou Chidori, collègue de bureau de Koushiro (mon personnage secondaire préféré et très certainement le plus développé). Cependant l’accent est clairement mis sur le couple principal. La narration est axée autour de leurs pensées : on suit alternativement l’histoire racontée par Nanoka et Koushiro. D’ailleurs, il s’agit là d’une excellente idée que de pouvoir constater la grande différence entre les pensées de celui-ci et ses paroles effectives. Etonnant de la part d’un scénariste responsable du très glauque et impersonnel Texhnolyze. Vers la moitié de la série, un court flash-back permet de comprendre pourquoi les parents se sont séparés, et de découvrir le fort lien qui unissait Koushiro et Nanoka durant leur petite enfance.

Le trio de l'agence de rencontre. Censuré.

Koi Kaze est une série relativement légère mais pas naïve ni excessive. C’est bien la réalité qu’on nous expose ici. Koushiro a ses frustrations sexuelles, Nanoka connaît des problèmes menstruels, leur cadre de vie n’est pas tout rose sans pour autant être tout noir. Les personnages réagissent de manière logique (disons plutôt humaine), ils changent de vêtements, se rasent. De temps à autre, quelques scènes plus comiques interviennent afin de détendre l’atmosphère (notamment par l’intermédiaire du collègue de Koushiro atteint de loliconïte aiguë – en clair il est obsédé par les adolescentes), mais cette fonction intervient surtout via les teasers de fin d’épisode représentés en super deformed, montrant à chaque fois une hilarante “sanction” infligée à un personnage pour un fait punissable qu’il a commis durant l’acte qui vient de se dérouler. C’est Chidori, collègue de Koushiro qui se charge de jouer les bourreaux habillée en tenue traditionnelle, infligeant les amusants “Lunettes confisquées”, “Châtiment de la balle rouge expulsée” ou “Pas de rôle dans le prochain épisode”.

Chaque épisode présente la vie quotidienne des deux personnages, alterne instants de bonheur ou de souffrance, et représente une phase dans la lente évolution de leurs sentiments, leur amour implicite puis explicite. Les titres d’épisodes sont d’ailleurs tous en rapport avec le climat ou les saisons. Des saisons qui se remarquent aussi graphiquement ; l’occasion de constater le travail esthétique effectué. Les décors ont un style proche de l’aquarelle légère et donnent une atmosphère très douce à l’ensemble, formé de jolies couleurs aux tons plutôt pales (ce qui est malheureusement peu visible sur les captures ici présentes). L’animation est correcte pour une oeuvre datant du printemps 2004 et la mise en scène est réussie ; on peut remarquer quelques angles de vue bien trouvés. Les personnages sont par contre eux de qualité très variable, changeant régulièrement de visage voire parfois de proportions corporelles. Petit problème de cohérence de la part des différents graphistes, mais rien de grave.

La maison familiale. Nanoka.

Les images sont importantes, mais sans atmosphère sonore elles perdraient beaucoup d’intérêt. A commencer par les doublages, qui dans Koi Kaze sont réussis et collent vraiment aux personnages. Mention spéciale à la seiyuu interprétant Nanoka (Yuuki Nakamura) qui parvient réellement à insuffler de la vie à cet adorable petit bout de femme. Les musiques, signées Makoto Yoshimori (Gakuen Alice) et Masanori Takumi (Genshiken, Suzuka) sont quant à elles sincèrement poignantes, harmonisées autour des instruments classiques tels que la guitare, le violon ou le piano. Les génériques d’ouverture (surtout) et de conclusion sont eux aussi très jolis, en parfait accord musical, textuel et visuel avec la douce mélancolie qui émane de la série.

Ils ne se (re)connaissent pas encore...

La fin de Koi Kaze laisse un goût d’inachevé. On dit que l’amour rend aveugle ; Koushiro et Nanoka, eux, ont brisé les barrières morales en toute âme et conscience. C’est beau, mais l’histoire s’arrête sur une note “optimiste” sans vraiment étudier les conséquences d’une telle union, du moins pas de manière explicite. Quelques épisodes supplémentaires n’auraient pas été de refus. Pourtant, malgré l’aspect limité de son traitement cette romance est narrée avec tant de sensibilité qu’il devient difficile de ne pas être touché. Aussi, et bien que l’oeuvre soit ancrée dans son contexte nippon (on peut d’ailleurs remarquer une foule de petits détails anodins telle la tradition d’écrire les noms des amoureux sous un dessin de parapluie), un message universel transparaît clairement : peut-on juger deux êtres qui ne font rien de plus que s’aimer profondément, par delà les préceptes moraux ? Qui nous en donne le droit ? Pour avoir posé cette question sans se soucier des apparences, sans tomber dans le voyeurisme, Koi Kaze reste un modeste mais formidable hymne à l’amour et à la tolérance à ranger aux côtés d’un Saishû Heiki Kanojô.

NB : Certains épisodes auraient apparemment été censurés (il n’y a pourtant rien de bien méchant). L’épisode 8 – aussi appelé épisode 7.5 – n’aurait ainsi pas été diffusé à la télévision mais seulement via Internet par Geneon.

Ecrit par Aniki le 20 octobre 2005 | Modifié le 04 novembre 2007

Le 16/05/2007 à 14:59:39

Echzechiel
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Hadō Sonzai

Inscrit le : 25/12/2006
Commentaires : 1994

Les relations incestueuses ont, de tout temps, été tabous (même si l’on se rend compte que chez nos amis japonais le divorce prend le pas sur ce sujet – la censure de l’épisode 8 en est la preuve). Sujet hardus à traiter donc. Koi Kaze s’en sort bien, voire très bien et, si l’on omet la fin qui n’offre pas vraiment les conséquences de cette relation, en transmet réellement les causes.

Toutefois Koi Kaze n’est pas parfait, quand bien même les protagonistes ont le bon goût de jouer à la Super Famicom , l’animation à de nombreux défauts, je citerais principalement les longueurs dans le traitement du sujet (j’ai mis une semaine pour la regarder entièrement, chose anormale pour 13 épisodes. Mais il ne m’aurait pas été possible de la visionner d’un trait), les proportions souvent hasardeuses (surtout pour Koshiro qui passe d’athlète à “gros tas”) ou encore les problème de raccords (j’imputerais ce dernier point à la version que j’ai eu sous les yeux).

Au final Koi Kaze est plaisant et intéressant pour un peu mieux appréhender le sujet. Je le recommenderais mais ne l’imposerais pas tant le sujet est sensible.

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