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  • Titre original :
  • Shôjo Kakumei Utena
  • Titre français :
  • Shôjo Kakumei Utena

les héroines de Shôjo Kakumei Utena.

Tout d’abord, débutons par la présentation de l’une des séries les plus controversées du monde de l’animation. Shôjo Kakumei Utena est une série dont l’histoire a été élaborée en 1997 par le studio Be-Papas sous l’influence d’une série sortie en 1967 sous le nom de Princesse Saphir. Son réalisateur, Kunihiko Ikuhara, avait déjà travaillé sur Les Petits Malins ainsi que sur Sailor Moon, véritable succès dans le genre Shôjo. On retrouve ainsi Saito Chih*o pour le design des personnages et enfin *Shinkichi Mitsumune pour la musique. Cette série est arrivée en France en 2002, diffusée par la chaîne Gameone, mais son succès n’a jamais atteint celui qu’elle a rencontré au Japon et aux Etats Unis.

Utena.

C’est lorsque Tenjo Utena a 7 ans qu’elle devient orpheline avant de recevoir la visite d’un jeune prince sur son cheval blanc : ce dernier la fait renoncer au suicide et lui offre un anneau en forme de rose qu’elle ne quittera jamais. C’est grâce à ce sceau qu’elle est sensé retrouver son prince dans les temps à venir, guidée par les derniers mots qu’il lui a laissés : “Toi qui est seule face au chagrin, que jamais ta force et ta noblesse ne disparaissent. Prends ceci en souvenir de ce jour. Cette bague te guidera vers moi.”

Mais la fillette a bien grandi et est devenue l’une des élèves les plus populaires de l’Académie Ohtori. Et on peut dire qu’elle a bien changé : sportive, fougueuse et justicière, son physique est à l’opposé de toute la personnalité qu’elle dégage. A ses longs cheveux roses et ses yeux plus bleus que l’azur s’allie l’uniforme porté par les garçons de l’académie. Utena recherche intérieurement son prince qu’elle espère retrouver en s’identifiant à lui. En gros, elle fait tout pour ressembler à l’archétype du prince charmant prêt à tout pour aider ses amis.

Wouhou, je suis une bretteuse.

Et l’on peut dire que l’occasion de faire ses preuves est vite donnée à Utena : sa meilleure amie, Wakaba, est secrètement amoureuse du vice président du conseil des étudiants, Kyouichi Saionji. Elle entreprend même de lui écrire une lettre d’amour, mais celle-ci est affichée dès le lendemain en public pour attirer les moqueries de la part des élèves. De même, Utena surprend Saionji en train de brutaliser une autre élève de l’académie, Himemya Anthy. C’est pour défendre cette dernière et pour venger sa meilleure amie qu’Utena décide de provoquer Saionji en duel. Mais ce que Utena ignore, c’est que cette provocation aura des conséquences bien plus grandes qu’un simple combat d’étudiants : Saionji possède la même bague que Utena, le “sceau de la rose”. Et cet élément permet de distinguer les duelistes d’un grand tournoi orchestré par le conseil des élèves, “les Confins”. Ce tournoi à lieu sur une plate-forme secrète cachée dans la voûte céleste, atteignable grâce à un escalier immense. C’est grâce à cet anneau que Utena pourra accéder à l’endroit de ce duel.

Utena. Kyouichi Saionji.

La fameuse bague. Et c’est là qu’on l’on commence à se rendre compte de l’une des grandes originalités de la série : les duels. Véritables bijoux de mise en scène, bien loins des passages délibérément violents que l’on retrouve dans pas mal d’anime et de manga, ces combats allient à merveille symboles, flashbacks, questionnements antérieurs, brèves scènes d’action ainsi qu’un décor pour le moins original : une arène céleste entourée de clochers et de remparts, surplombée par un immense château retourné. Qu’ajouter à un tel choix de mise en scène ? Un véritable déluge d’originalités. A peine Utena apparaît que Saionji extrait une épée de lumière de la poitrine d’Himemya Anthy, cette dernière étant vêtue d’une robe de princesse. Les combats de Utena innovent, font montre d’une maîtrise plus que certaine ainsi que d’une mise en scène proche du surréalisme. Les effets spéciaux sont également de mise à chaque fin de duel et l’on prend à nouveau conscience d’une autre originalité de ceux-ci : lorsqu’un personnage perd, point de sang ni de membres arrachés sur le sol, la défaite est représentée par la destruction pure et simple de la rose que porte chacun des duellistes. Un tel choix peut paraître ridicule aux yeux de nombreux fans d’animation, mais je leur dirai simplement de voir la série d’un autre oeil et d’aller plus loin dans son développement. L’intérêt de cette série est loin de reposer sur la violence des affrontements.

Utena, face à Saionji, champion de kendo et armé d’une épée, parvient à vaincre ce dernier à l’aide d’un vulgaire morceau de bambou. Utena a du mal à comprendre tout ce qui se passe, et c’est à la sortie de ce duel, qu’elle rencontre à nouveau Anthy. Celle ci, habillée à nouveau de l’uniforme féminin de l’académie, se déclare fiancée de la rose gagnée par la nouvelle championne en titre : Utena. C’est par la suite que les membres du conseil des élèves vont tour à tour défier Utena pour récupérer Anthy. En effet, celui qui possède la fiancée de la rose détient un autre pouvoir : à l’issue du duel “Révolution”, la possibilité de révolutionner le monde… ou bien de provoquer l’Apocalypse.

C’est donc sur fond de scénario assez sombre que se poursuit l’intrigue de Utena. Apparaissent alors de nombreux personnages secondaires qui viennent étoffer l’histoire de manière plus qu’admirable. En effet, tout l’intérêt de la série repose sur cette galerie de personnages que je suis tenté de qualifier de protagonistes au même titre que Utena et Anthy. J’ai rarement vu un tel soap se tisser dans une série japonaise tant les intrigues sont nombreuses et intéressantes (NdEchy : Et pourtant, il faut mieux se renseigner. ^^). Chaque personnage possède sa propre personnalité, ses démons intérieurs, ses motivations et surtout son histoire. Nous allons continuer cet article en passant par la présentation de certains d’entre eux :

Kiryuu Toga

Kiryuu Toga.

Président du conseil des élèves mais également des Confins, Toga est un manipulateur toujours prêt à se servir de son charme pour arriver à ses fins. Il est le grand frère de Nanami, auquel cette dernière voue un culte des plus ambigus… Membre du club de kendo et meilleur ami de Saionji, il ne tarde pas à l’exclure du groupe pour avoir défié Utena sans avoir eu l’accord des autres membres. Un élève charmeur qui aime multiplier les conquêtes. Sa rose est rouge, symbole de la passion violente.

Arisugawa Juri

Arisugawa Juri.

Juri est également dueliste du conseil des étudiants. D’un naturel froid, distant et impitoyable, elle est le capitaine du club d’escrime de l’académie. Elle est très proche de Miki et se plaît à fermer son coeur pour ne plus avoir à souffrir comme elle l’a fait par le passé : loin de moi l’idée de vous spoiler davantage ce superbe personnage, mais sachez que toute la torture qu’elle incarne est symbolisée par le pendentif qu’elle porte autour du coup. Elle participe aux duels pour prouver que le pouvoir de Dios n’existe pas, étant donné son incrédulité vis-à-vis des miracles. Lors de ses duels, elle porte la rose orange.

Kiryuu Nanami

Kiryuu Nanami.

Petite soeur de Toga, Nanami ne tarde pas à devenir dueliste des Confins afin de venger son frère d’un accident dont il a été victime. Elle voue une passion démesurée vis à vis de lui et assurera même le rôle de présidente du conseil lors des épisodes centrés sur la confrérie de la Rose Noire. D’un naturel pourri gâté, prétentieux, égocentrique, narcissique et arrogant au possible (voyez, les adjectifs ne manquent pas !) elle n’en demeure pas moins attachante grâce à tout l’humour qu’elle incarne dans la série. Plusieurs épisodes font d’elle un personnage central dans des intrigues pour le moins loufoques : Un trip au curry mouvementé, une bande d’éléphants surfeurs, un kangourou boxeur et même une cloche de vache ésotérique ! Sa rose est jaune, symbole de la nostalgie et de la jalousie.

Kaoru Miki

Kaoru Miki.

Encore un personnage des plus attachants… Dueliste ayant pour symbole la rose bleue, il est combattant au club d’escrime et c’est un excellent élève. Miki a une soeur jumelle du nom de Kozue avec laquelle il a composé le morceau au piano “Jardin d’Eté”. C’est également un excellent musicien. Il participe aux duels pour récupérer Anthy, dont le talent de pianiste est l’égal de celui de sa soeur. La mélodie “Jardin d’Eté” est pour lui un véritable moment de sérénité, et c’est pour retrouver cette sérénité qu’il désire se rapprocher d’Anthy. Un personnage assez efféminé. J’avoue qu’au départ, je ne savais même pas que c’était un garcon. Une figure incontournable de la série.

Kozue et Kaoru Miki.

Shinohara Wakaba

C’est la meilleure amie d’Utena. Elle a beaucoup de tendresse pour cette dernière (une autre passion amoureuse implicite ?) et éprouve un réel amour pour Saionji, qui l’humiliera en public en affichant sa lettre d’amour. Elle apporte beaucoup de bonne humeur et un vrai soutien pour Utena.

Himemya Anthy

Himemya Anthy.

Je ne pouvais passer à côté de la présentation de ce personnage, qui est, au même titre qu’Utena, un protagoniste de la série. Anthy est d’un naturel très renfermé, et est persécutée par beaucoup de filles du lycée du fait de sa popularité auprès des garcons. Mais elle se contente de masquer ses émotions par un sourire. Elle est la fiancée de la rose, et l’objet des convoitises de tous les duelistes. Car en elle sommeille le pouvoir de Dios, capable de “Révolutionner le Monde”. Elle entretient une relation pleine de tendresse avec Utena, et beaucoup de spectateurs hésitent à définir cette relation en tant que grande amitié ou véritable amour. A côté de ca, Anthy s’occupe de plusieurs animaux de compagnie assez étranges, tels que Chuchu. C’est également une fée du logis et une cuisinière assez spéciale… Un grand nombre de révélations se cache derrière ce personnage.

Chuchu

Chuchu.

L’animal de compagnie d’Anthy. Une espèce d’hybride entre le singe et la souris qui passe son temps à manger des pâtisseries et à dormir. Sa boucle d’oreille possède une signification qui prendra tout son sens au fil de la série (vous en dire plus serait révéler les rapports d’un autre personnage avec Anthy, qui intervient plus tard dans la série).

La fine équipe. Je passe à côté de nombreux rôles tels que l’impitoyable Kozue, l’amie d’enfance de Juri, Shiori, le mystérieux Akio ou encore le très charismatique Mikage. Mais je peux vous dire que toute cette galerie de personnages vous réserve pas mal de surprises.

Cet article approche de sa fin, et je ne peux l’achever en faisant l’impasse sur l’approche graphique de Shôjo Kakumei Utena. Beaucoup critiquent sa réalisation à cause des décors “vides”, d’un piètre chara design ainsi que d’une composition de combats assez sommaires. Déjà, les décors ne sont pas vides : leur style graphique ne correspond peut être pas à ce que la plupart des anime offrent, mais il a le mérite d’être original et vraiment très soigné. La musique est très bonne, une grande recherche des sonorités, une originalité foisonnante alliée au grand nombre de morceaux élaborés et l’utilisation de choeurs dans les très spéciaux thèmes de combat. Vous n’être toujours pas convaincus ? Alors écoutez donc Tsuioku no Rakuen, Hikarisasu Niwa (Jardin d’Eté), Revolution ou encore Kokoro no Dice et Shi no Aphrodite.. Enfin, en ce qui concerne le chara design, il est clair qu’il ne peux pas plaire à tout le monde, mais il serait assez bête de passer à côté de cette série à cause de ce dernier. J’avoue que j’étais moi même légèrement rebuté par le style de graphique au départ. Mais un épisode m’a suffit à adorer ces personnages, et par la même occasion, leur design.

Et enfin, attardons nous sur un autre aspect de la forme : l’omniprésence des fleurs, des roses, le lyrisme de l’intrigue et le style très Shôjo des personnages qui font immédiatement penser à un anime destiné au public féminin. Sur ce point, je ne nierai rien, c’est exactement ce qui resort de l’introduction de la série, par exemple. Mais je peux vous assurer que la complexité de l’intrigue, toute sa profondeur et son originalité vont bien au delà de cet aspect romantique. Cette série aborde des thèmes souvent tabous et électriques : des relations homosexuelles implicites, la dureté de la transition entre adolescence et âge adulte, le suicide, la fuite de ses démons, la souffrance d’un amour inavoué, l’inceste… Tous ces thèmes se retrouvent dans la richesse psychologique des personnages. Et cette richesse, je pense que quiconque s’étant impliqué un minimum dans la série ne puisse la nier.

Ho le beau couple.

J’achèverai donc cet article en vous conseillant cette série rafraîchissante, profonde, intéréssante au possible, et, je le répète, très controversée par un public masculin trop soucieux de l’aperçu final (oui, je suis bien un garçon et qui plus est, FAN de Shojo Kakumei Utena). Même si la première impression que vous donnent ces images vous rebute, essayez-là, je vous garantis que vous ne serez pas déçus. Un bijou de l’animation japonaise.

Ecrit par Kimahri le 12 décembre 2004 | Modifié le 04 novembre 2007

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