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Kanoe Zouichi sur sa moto.

On ne présente plus Tsutomu Nihei, auteur du (trop peu) célèbre Blame!.

En fait, si, présentons-le : mangaka de génie à la formation d’architecte, Nihei a débuté comme assistant sur Jiraishin de Tsutomu Takahashi avant de se lancer dans une carrière personnelle avec Blame!, son oeuvre majeure s’étalant sur 10 volumes. Depuis la parution du dernier chapitre en 2003 dans le mensuel Afternoon, notre homme n’avait dessiné que des histoires courtes (Wolverine Snikt!, Zeb-Noïd, etc.) et c’est donc avec un plaisir non dissimulé que nous le retrouvons pour une nouvelle série à long terme depuis le 14 Juin 2004 : Biomega (dans le Young Magazine). Je vous propose de découvrir le premier tome récemment paru au Japon. :)

- Adventure-seeker Killy-like in the Bear & Zombies quest ! -

Nous sommes en 3005. L’Homme a désormais colonisé Mars.
Les premières pages de Biomega montrent deux hommes vêtus d’une combinaison spatiale, marchant à travers des terres sombres et poussiéreuses. Les deux investigateurs entrent dans une usine abandonnée anciennement approvisionnée en oxygène, dans laquelle pouvaient vivre, et vivaient des hommes. C’est alors qu’apparaît face à eux une femme aux longs cheveux noirs, portant un manteau, un étrange pendentif (le logo de la série, une sorte d’omega croisé avec le sigle des Sauvegardes de Blame! et de manière plus authentique un “ankh”, soit le symbole de la vie dans la mythologie égyptienne)... mais pas de combinaison spatiale ! Comment peut-elle survivre alors que cet endroit ne contient ni eau, ni oxygène ?

Mais qui est donc cette mystérieuse femme ?

Changement de décor. Nous sommes désormais sur Terre, 6 mois après les événements décrits dans l’introduction. Un homme traverse une longue route (qui s’avère être un pont traversant l’Océan Pacifique, proche des travaux de l’auteur aperçus dans le magazine Megalomania) sur une très classieuse moto noire au design futuriste, et visiblement plus rapide que la moyenne (le compteur affiche en effet un plutôt suggestif dark et tourmenté 666 Km/h). L’homme arrive aux portes d’une gigantesque cité, et déchaîne un énorme nuage de poussière sous l’action de son freinage. Gros plan sur le personnage : vêtu d’une combinaison et d’un casque, il dit être envoyé par les Chantiers Orientaux (Toha Industries) afin de mettre à exécution un “projet d’exorcisme”. Avant d’entrer dans la cité, il se voit informé qu’elle a été déclarée “zone de danger” il y a maintenant 5 heures. Le périmètre n’est donc pas libre de sortie, et notre héros casqué ne pourra le quitter sans l’autorisation des autorités. “Affirmatif”, répond-il. Désormais entré dans la métropole, le personnage se met à parler avec sa moto. Serait-il dérangé mentalement ? Non, son engin contient tout simplement une I.A. féminine (oui, un peu comme dans K2000), qui lui informe qu’elle est en train de scanner les caméras vidéo de la ville, et que des présences humaines ont été trouvées dans la zone 9027. D’après elle, la plupart d’entre eux seraient infectés par un certain “virus N5S”. Notre héros décide d’aller inspecter cela par lui-même. C’est reparti pour un tour à haute vitesse, à travers de longues routes aux impressionnants dénivelés.

Un décor très Castlevanien.

Mais soudain, se dressent sur le chemin deux créatures zombiesques, les vêtements et la chair en lambeaux, les os à découvert, et contenant également ce qui semble être des câbles. Parvenu à les esquiver de justesse, notre mystérieux pilote n’est pas au bout de ses surprises car quelques mètres plus loin se trouve une jeune fille blonde traversant la route sur son chemin ! Pas le temps de l’éviter, la moto heurte l’adolescente de plein fouet : c’est le crash. La jeune fille gît inconsciente au sol, ensanglantée, en face de notre héros éjecté de sa moto. Celui-ci retire son casque, pour enfin laisser apparaître son visage : surprise, il s’agit d’un jeune homme brun ressemblant fortement à un certain Killy (le héros de Blame!, pour les éventuels néophytes), avec les cheveux légèrement plus longs. Les deux zombies reparaissent à l’horizon, accompagnés d’une zombie femelle et de leur grand frère en bonus, et se dirigent vers le corps de la mourante. Notre apprenti Killy sort une arme au design très “positronesque” tout en ordonnant aux créatures de ne pas faire un pas de plus, mais celles-ci ne semblent pas vouloir se rendre.

T'sais qu'tum plait toi ?

Une fois le ménage terminé, il s’approche de sa “victime”, pour s’apercevoir qu’elle est encore en vie. Celle-ci utilise alors (inconsciemment, semble-t-il) une obscure capacité de régénération pour recoudre sa jambe, ce à quoi l’I.A. de la moto (toujours couchée quelques mètres plus loin) rétorque “As-tu vu ça ? Cette fille est…”, avant que surgisse une autre voix : “Ne bouge pas !”. La voix provient… d’un ours doué de parole, portant un sac à dos et armé d’un fusil à lunette (!!) braqué vers Killy-aux-cheveux-longs. Le mammifère lui ordonne de jeter son arme et de s’éloigner de la fille, qu’il appelle Yion. Cette dernière se réfugie dans les bras de l’animal, qui demande à notre héros de s’identifier. Ce à quoi le pilote répond qu’il a été envoyé par les Chantiers Orientaux afin de nettoyer la cité et aider les gens à l’intérieur. Avant de s’en aller avec l’adolescente, l’ours conseille à notre héros de rentrer chez lui : il serait désormais inutile d’essayer de “les” exterminer.

Yion + ours = Yionours ?

Les délires et beautés de l'architecture Niheinesque.
Killy-like se lance à la poursuite de l’animal, mais aucune trace de ce dernier, ni de la jeune fille… “Merde”, lance-t-il très subtilement (le cri du coeur), avant de retourner enfourcher sa moto. L’I.A. annonce “qu’il l’a trouvée”, et qu’il ne doit pas s’en vouloir de l’avoir percutée et laissée partir, car il était inattendu de “la” trouver aussi rapidement, d’autant plus que grâce au prénom prononcé par l’ours, de nouvelles informations ont été obtenues.
Yion Green, 17 ans, orpheline ; elle vivait seule dans la maison de son grand-père. Et d’après l’I.A., il ne fait aucun doute qu’Yion est infectée par le “virus N5S”, sa régénération en étant la preuve…

Qui est donc cette Yion, pourquoi assimile-t-elle le virus alors que tout le monde autour d’elle se transforme en zombie ? Que se trame-t-il réellement sur cette île cité ? Comment s’appelle l’ours ? Vous le saurez en partie en lisant le premier tome de Biomega (indice : l’une des réponses se trouve dans le texte).

- Welcome to Nihei’s World -

Lecteurs de Blame!, ne vous attendez pas à être dépaysés en lisant Biomega. En effet, les univers respectifs de ces deux séries sont plutôt similaires, faits de noirceur et de géniales folies architecturales. Ainsi, la cité qu’explore notre héros casqué est certes moins mégalomaniaque (et moins futuriste) que la Mégastructure de Blame!, mais elle n’en est pas moins anarchique et grandiloquente dans sa composition : bâtiments suspendus au-dessus du vide, tours penchées et autres dénivelés improbables sont monnaie courante sur l’île cité 9J0.

L’occasion pour Tsutomu Nihei de nous apporter une nouvelle preuve de son sens de la mise en scène ; les séquences d’action sont en effet d’une bravoure digne de Blame!, un certain côté “speed” en plus grâce à la présence de la décidément très classieuse moto tout droit sortie d’Akira. Perspectives vertigineuses, effets de vitesse et fluidité du découpage se marient donc pour donner un résultat relativement spectaculaire et immersif.

L’esthétique globale de Biomega est dans la continuité des derniers tomes de Blame! : trait sombre et planches au rendu “sale”. Les personnages portent quant à eux toujours la griffe Niheienne (yeux décentrés, cheveux raides, tenues atypiques et/ou high-tech, etc.), avec quelques nouveautés comme la présence d’un ours parmi les personnages principaux.

Zombos -1.

- Casting -

Zouichi Kanoe.

Zouichi Kanoe est le héros de Biomega, envoyé par les Chantiers Orientaux (Toha Industries) afin de contenir la menace du virus N5S, et rechercher les humains l’ayant assimilé sans se transformer en monstres. Son design est assez proche de Killy (Blame!), et je lui trouve également une vague ressemblance avec Jack White des White Stripes (mais cela n’engage que moi, et n’est visible que sur certaines planches). En tous les cas, il semble moins froid que Killy (et plus poseur) mais tout aussi peu humain comme en témoignent ses exceptionnelles capacités de régénération…

Fuyu Kanoe.

La nature de Fuyu Kanoe n’est pas très claire : semblant à première vue être une I.A. informatrice incorporée à la moto de Zouichi, elle se matérialise à côté de celle-ci sous la forme d’un hologramme de petite taille (un peu comme Fatima dans le jeu de rôle Anachronox). Fuyu porte le même nom que notre héros, ce qui pourrait amener à penser qu’il s’agit de sa soeur (humaine ou pas) et néanmoins coéquipière.

Yion Green.

Yion Green est une orpheline apathique de 17 ans, vivant avec un étrange ours dans la maison de son grand-père. Infectée par le virus N5S, elle semble étonnamment l’assimiler et développer des pouvoirs surnaturels, ce qui lui vaut d’être recherchée par Zouichi mais aussi par les forces de santé publique.

Kozkof El Grevnef.

Cet ours doué de parole protège Yion au péril de sa vie, apparemment en mémoire du grand-père de cette dernière. Kozkof El Grevnef (!) est un personnage (involontairement ?) comique qui ne manquera pas de faire sourire le lecteur lors d’une très culte scène en rapport avec la moto de Zouichi (je n’en dis pas plus). Et à vrai dire, il s’agit là de mon personnage préféré. ^^

La fameuse femme de Mars, elles ne viennent donc pas de Venus.

Cette étrange femme aux longs cheveux noirs semble pouvoir survivre dans un environnement sans eau ni oxygène. Il s’agit d’un personnage encore très mystérieux qui devrait sans aucun doute jouer un rôle important par la suite (son pendentif est par ailleurs le logo de la série).

Les forces de santé publique.

Officiellement chargé d’éliminer les êtres contaminés par le virus N5S, le groupe appelé “forces de santé publique” semble cacher d’autres objectifs plus obscurs. Par ailleurs, les membres de cette milice ne semblent pas tout à fait humains…

Les drones.

Ces créatures difformes appelées “drones” sont des humains zombifiés suite à leur contamination par le virus N5S.

- To be continued -

Il n’est pas aisé de se prononcer sur Biomega après la lecture du premier tome. Rien de comparable avec la claque que constituait le début de Blame!, mais cette nouvelle série, bien que peu surprenante et porteuse de thèmes plus que classiques, reste pour l’instant (et restera, à mon avis) un très bon manga d’action, spectaculaire et divertissant. On sent bien que Nihei a voulu se faire plaisir en multipliant les moments de bravoure et les références cinématographiques (tout en recyclant habilement Dead Heads, sa courte histoire de zombies restée inachevée) sans pour autant développer un scénario trop complexe. Cependant, je soupçonne Biomega de s’inscrire dans la chronologie de Blame! (Cyber Dungeon est là pour en savoir plus, mais attention aux spoilers). Et s’il s’avérait que j’aie raison, cela apporterait certainement une dimension supplémentaire au titre.

My heart will go on...

En attendant, je conseille Biomega à ceux qui ne connaîtraient pas encore Tsutomu Nihei, afin d’avoir un avant-goût de son oeuvre majeure Blame!, qui il faut le reconnaître reste clairement supérieure (et aussi pour voir Kozkof). Les autres ressentiront peut-être un goût de déjà-vu, mais pour ma part je ne m’en lasse pas et j’attends la suite de pied ferme.

NB : Les illustrations présentes sur cette page proviennent des scans de l’équipe de traduction Evil Genius.

NB 2 : Pour information, Biomega est un constructeur de vélos sportifs très “design” : clin d’oeil de l’auteur ?

Mise à jour d’avril 2007 : La série est désormais publiée dans l’Ultra Jump (Shueisha). Actuellement deux volumes sont parus.

Ecrit par Aniki le 12 février 2005 | Modifié le 22 juillet 2008

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