Si le nom Blame! vous laisse indifférent, sachez bande d’ignares, qu’il s’agit d’un manga cyberpunk en 10 tomes publié chez nous par Glénat et réalisé par Tsutomu Nihei.
Ce manga nous dépeint un univers claustrophobique et étouffant, dans lequel évolue Killy, jeune homme maussade et peu bavard, dont on ne sait s’il est humain ou non. Son but est de trouver un terminal génétique, un gène non contaminé par un étrange virus.
Dans cet univers glauque à souhait où se côtoient les espaces immenses et les délires architecturaux, on trouve quelques humains, des cyborgs, des “silicates” et plein d’autres créatures plus ou moins avenantes.
Très controversé et très spécial, Blame! est un manga où le dialogue n’est pas le souci majeur de l’auteur, qui axe avant tout la description de son univers par sa représentation au niveau du dessin. En lisant le premier tome de Blame!, vous serez surpris de voir qu’il y a moins de bulles de dialogues que de pages, et que chaque case pourrait être considérée comme une illustration à part entière.
Voila ce qu’est Blame! : un manga cyberpunk qui contrairement à ses homologues comme GUNNM, se veut très contemplatif à défaut d’être exhaustif en dialogues.
Quel auteur pourrait donc mieux se prêter au jeu de l’artbook si ce n’est Tsutomu Nihei ?
L’artbook en lui même.
Dès le premier coup d’oeil, l’artbook sait se montrer différent. La couverture affiche un magnifique dessin dans les tons rouge pastel, représentant à merveille ce qui nous attend à l’intérieur. A l’effigie de Killy, le héros du manga, tout petit sur ce dessin, on se sent immédiatement plongé dans cet univers énorme.
Le titre Blame! and so on est en relief sur la couverture, et c’est un régal que d’aller le toucher avec l’oeil. Le quatrième de couverture présente également un dessin en relief : Sana-Kan et Shibo dos-à-dos. La tranche comporte également des écritures qui sont elles aussi en relief.
Le livre s’ouvre sur sa page-titre et juste après sur un lexique intelligemment nommé “Contents” qui nous présente les différentes parties de l’artbook : Collaboration, Blame!, Noise, Otherworks, Megalomania, Dead Heads, Interviews, Miniatures, Crédits.
Collaboration
Collaboration nous présente divers artworks de l’auteur pour d’autres projets que ses travaux personnels. On y trouve en premier les cinq couvertures et des croquis réalisés pour le comic Wolverine : Snikt! (sorti chez nous récemment et nominé à Angoulême 2005 pour le prix du meilleur dessin), et quelques illustrations collaboratives d’Hellboy, Matrix et Evangelion.
Partie très courte, elle ouvre l’artbook de façon fort sympathique en nous présentant un peu l’univers de l’auteur. Dommage qu’il n’y en ait pas plus ! :p
Blame!
La partie la plus remplie de l’artbook, faisant à elle seule près de 65 pages ! Vous trouverez dedans tous les travaux couleurs de l’auteur : des premières illustrations au planches en couleur, en passant par les couvertures de magazines et de tomes, sans oublier les illustrations réalisées pour un calendrier électronique ou encore une carte de téléphone ! Ajoutons à cela des explications de Nihei himself sur son oeuvre (malheureusement en Japonais, mais la traduction est trouvable sur le net), trois pages de croquis noirs et blancs, les couvertures de tous les tomes (étalées en miniatures), des photos des produits dérivés (figurines, T-shirts), des illustrations jamais publiées, et attention, deux artworks présentant Sana-Kan et Shibo en maillot de bain (ndAniki : d’après des photos de top models réelles) ! :p
Un régal pour tout fana de Blame!. L’auteur nous présente son univers en utilisant surtout des tons rouges, bleus, noirs et blancs choisis à la perfection. Voir certaines pages couleurs non présentes dans notre édition française fait réellement plaisir, sans compter tous ces artworks en couleur jamais vus ailleurs que dans des scans de magazines.
Noise
Noise est un one-shot sorti à peu près en même temps que le tome 7 de Blame!, et présentant les aventures de Musubi. Chronologiquement, Noise se situe avant Blame! et tente d’expliquer certains événements s’étant déroulés dans le passé.
Section peu fournie par rapport à Blame!, il ne faut cependant pas oublier que Noise ne fait même pas un tome entier, et que donc Nihei ne l’a pas autant travaillé que son oeuvre majeure. Vous trouverez cependant la couverture du manga (celle représentant Musubi telle une Jeanne d’Arc), les pages couleurs de l’index, ainsi que les dessins ayant servis à la pub pour le manga peu avant sa sortie.
Moins impressionnante que celle de Blame!, cette partie a cependant le mérite de nous montrer quelques illustrations inédites de Musubi.
Otherworks
Petite partie également, nous avons droits à quelques artworks personnels de l’auteur. Quatre d’entre eux sont sous-titrés Bitch’s Life (littéralement “vie de salope/vie de chienne” ; ndAniki : Bitch’s Life est un recueil d’illustrations un peu osées réunissant de nombreux auteurs dont Masakazu Katsura, Range Murata et même Akira Toriyama), d’une glauquitude qui choquera certaines âmes sensibles. On trouve également des illustrations pour une nouvelle, ainsi que des illustrations ayant servi pour faire des posters vendus très chers durant une convention en Allemagne et une convention en France (Bear : Dawn of the kiler beast, poster dédicacé représentant un ours en peluche façon Nihei, qui coûtait dans les 50 euros et n’était disponible qu’en 666 exemplaires à la Japan Expo 2002).
Megalomania
Megalomania est un groupe d’illustrations représentant des délires architecturaux propres à l’auteur de Blame!. Vous aurez par exemple droit à l’autoroute qui traverse le Pacifique, ou encore à la tour qui va de la Terre à la Lune.
Récemment, on a compris que Megalomania n’était pas seulement un travail à part mais qu’il possédait un vrai rôle dans la trame scénaristique de Nihei (ndAniki : rien n’est sûr !). En effet le manga Biomega met en scène un personnage arrivant aux portes d’une cité via cette autoroute gigantesque (ndAniki : pas la même mais similaire, je dirais), et il dit travailler pour les Chantiers Orientaux (Toha’s Heavy Industries). Megalomania serait donc un élément à part entière dans la chronologie “Blamienne”.
Dead Heads
Travail commencé peu après Snikt! mais abandonné par l’auteur, Dead Heads devait être une histoire de zombies inspirée par les films de Romero ou les jeux Resident Evil. Cette histoire ne connaîtra malheureusement qu’un seul chapitre… Dans l’artbook vous trouverez les croquis préliminaires, les quatre premières pages couleur, puis en miniature les 38 pages noir et blanc.
Même si elles n’apportent que peu d’intérêt, ces miniatures permettent tout de même de voir ce qui aurait pu être une série géniale. Dommage.
Interviews/entretiens
Malheureusement en Japonais, ces entretiens entre Nihei et deux de ses auteurs fétiches, Enki Bilal et Guillermo Del Toro, n’ont que peu d’intérêt pour les personnes ne parlant pas la langue du Kabuki.
Miniatures
Assez bizarre, ces deux pages présentent des miniatures des dessins de l’artbook, avec ce qu’il semble être des commentaires face à chacun. Encore une fois intégralement en Japonais…
Crédits
Bah les copyrights quoi !! Et en Japonais (mais là on s’en moque un peu :p).
Le mot de la fin ?
Un artbook somptueux pour un auteur génial. Blame! and so on fait partie de ces artbooks qui sortent de l’ordinaire de par le soin apporté à l’édition mais également et surtout par le génie de son auteur.
Personnellement je trouve beaucoup d’artbooks sans intérêt tellement ils s’enferment dans un classicisme affligeant. Vu que je considère qu’énormément d’auteurs de manga ont un style complètement impersonnel dû à Tezuka et à son empreinte dans le manga, voir un manga comme Blame! est un régal, et contempler un artbook de son auteur relève de l’orgasme artistique !
Nihei fait partie de ces trop rares Japonais qui au lieu de s’enfermer dans un moule artistique qui leur est étranger, ont cherché à exprimer leur propre style de dessin. Ce sont les artistes comme lui qui font que le manga possède des perles capables de rivaliser avec les meilleurs mondiaux.
Un artbook à se procurer absolument pour toute personne recherchant du cyberpunk, du Blame!, ou tout simplement de l’originalité et du talent. Car Blame! and so on en est bourré.
Ecrit par Neithan le 05 juin 2005 | Modifié le 29 avril 2008