Sorti peu après Final Fantasy VII, ce Final Fantasy, qui n’en a que le nom et quelques éléments, s’est vu être en rupture de stock dès la première semaine sur le territoire américain. A la base, ce jeu de SquareSoft est le fruit du travail d’une partie de Quest, une société qui peut se vanter d’avoir réalisé d’excellents Tactical RPG tel que Tactics Ogre. L’équipe de FFT est composée des plus grands. Le papa c’est Yasumi Matsuno, un jeune scénariste et game designer. Il a notamment participé à la création d’Ogre Battle, Tactics Ogre et plus récemment Vagrant Story ou encore Final Fantasy Tactics Advance. A chaque fois il réalise des coups de maître, maîtrisant à la perfection la création de mondes originaux et détaillés. Dernier exemple en date, Final Fantasy XII, rien que ça. On retrouve aussi ses amis fidèles, Akihiko Yoshida au chara design ainsi que Hitoshi Sakimoto à la musique. Un trio de choc garanti pour un jeu plus que réussi…
La guerre de cinquante ans vient de se terminer grâce à six seigneurs issus de grandes familles unies pour rétablir la prospérité dans le royaume d’Ivalice (univers devenu depuis récurrent dans les jeux de Matsuno). Elle a complètement ruiné les ressources du pays et a aussi énormément épuisé les habitants. Le Roi Atkascha est vieux, malade et fatigué. Il vient à mourir et il faut trouver un héritier. Des conflits apparaissent rapidement. Le royaume, séparé en deux provinces, plonge alors dans la guerre civile entre le Prince Goltana de Zeltennia (Lion Noir) et le Duc Larg de Gallione (Lion Blanc) qui se déchirent pour le pouvoir. La Lion War commence… Il est dit dans l’Histoire qu’un jeune homme a mis fin à cette guerre et est monté sur le trône. Son nom est Delita. Mais est-ce vraiment lui le sauveur ? On entend souvent parler d’un jeune Beoulve dans certaines rumeurs mais celui-ci est considéré comme hérétique par l’Eglise… Serait-ce lui le vrai héros de la Lion War ? Préparez-vous donc, la vérité va vous être racontée par l’historien Alazlam Durai…
Le jeu vous met dans la peau de Ramza, le plus jeune de la noble famille Beoulve. Lui et son ami Delita Hyral étudient pour devenir chevaliers. Tout débute dans le monastère d’Orbonne où la Princesse Ovelia Atkascha prie pour la sauvegarde du royaume. C’est alors que les hommes du prince Goltana arrivent, ce qui déclenche un affrontement. A la fin du combat, la princesse est kidnappée par un jeune homme en armure. Cette personne n’est autre que Delita, qui est passé dans le camps adverse. Le premier chapitre de FFT vous propose donc de découvrir lors d’un flashback tout ce qui a mené la situation à devenir telle qu’elle est. Bien vite, Ramza se retrouve impliqué dans la plus grande guerre de toute l’histoire d’Ivalice après un sérieux accident au Fort Zeakden. Par la suite, vous serez amené dans la quête de mystérieuses pierres recherchées de tous et qui détiendraient un grand pouvoir, les Zodiac Stones, mais qui s’avèrent démoniaques, prenant le contrôle des gens les possédant… Le scénario est toujours un élément de grande qualité avec Matsuno (bien que FFTA déçoive de ce côté là...). Celui de FFT est un modèle de réussite, décomposé en 4 chapitres. Les nombreux thèmes abordés sont plutôt matures, il y a une forte critique des institutions religieuses et de la soif de pouvoir que les hommes ont depuis l’aube de l’humanité. Des thèmes extrêmement bien travaillés avec des personnages d’une profonde psychologie. On appréciera aussi le côté théâtral, plus particulièrement de la tragédie. Car FFT est d’une grande tristesse et la mise en scène dramaturgique est absolument remarquable. Le jeu vous propose de nombreux rebondissements, des alliances, des trahisons et des révélations surprenantes. Vous serez la cible de l’Eglise et des deux armées en présence. Le monde, quant à lui, est typé Moyen-Age européen avec une Eglise influente et bien ancrée dans la société. La magie y est considérée comme de la sorcellerie mais ce que vous allez découvrir n’est pas très catholique si l’on puit dire ça ainsi. La durée de vie monte à une bonne quarantaine d’heures et à bien plus si vous désirez faire les quelques mais intéressantes quêtes annexes disponibles (Deep Dungeon et personnages cachés). Aussi un menu vous propose de revoir n’importe quelle scène du jeu ainsi qu’une sorte d’encyclopédie sur les personnages rencontrés. Une très bonne idée pour bien saisir le scénario.
Comme dit plus haut, les personnages jouissent d’une psychologie très bien travaillée. Il y en a beaucoup et agissent selon de nombreuses et différentes motivations (principalement pour le pouvoir, l’homme reste un loup pour l’homme…). Mais si on devait en retenir, ce serait les deux amis Ramza et Delita ainsi que la Princesse Ovelia. On peut même dire que le jeu est basé sur leur relation assez spéciale.
Ramza est le personnage principal de ce Final Fantasy. Né d’une famille noble servant depuis des générations les Larg, il décide de ramener la paix à Ivalice et essaye de protéger la Princesse Ovelia. Il est en désaccord avec l’idée que les nobles ont plus de droits que les gens du peuple. Il n’essaye pas de profiter de son rang pour s’imposer aux autres. Alors que Delita, son meilleur ami, prend le chemin de la gloire, Ramza prend le chemin inverse, celui de l’anonymat. Il croit vraiment en ce qu’il fait et essaye d’être juste. Il se sent aussi rejeté par ses puissants frères car il est né d’une mère différente. Son job de base est Squire avec lequel il peut apprendre le sort Ultima.
Historiquement, il est devenu roi d’Ivalice et a maintenu par la suite un long règne de paix. Durant le jeu, Delita prend un chemin différent de celui de Ramza. Leur but est le même, ramener la paix, mais les méthodes sont différentes. Il n’hésite pas à jouer un double jeu et à trahir ses amis. Il profite de son élévation constante dans la société pour se venger de ceux qui ont profité de lui quand il n’était encore qu’un simple garçon du peuple né d’une famille d’éleveurs de chevaux. Son job est Holy Knight.
Jeune princesse âgée de 15 ans, après la mort de son père le Roi, elle devient convoitée par tous les seigneurs désirant prendre le pouvoir sur le Royaume. Au début du jeu, elle est sous la protection du Prince Larg, frère de la Reine. Son enlèvement par Goltana entraîne Ivalice dans la guerre civile. La relation d’Ovelia avec Ramza et Delita changera sûrement le cours des choses.
L’évolution du joueur se fait sur la carte du royaume d’Ivalice. Chaque point représente un lieu. Ainsi les bleus sont des villes où vous pourrez acheter vos équipements, recruter des soldats ou encore connaître les dernières rumeurs qui parcourent actuellement ce petit monde. Ensuite viennent les points verts et rouges. Les premiers sont des zones de combats aléatoires où vous pourrez par exemple faire un peu de level up. Quant aux derniers ce sont des lieux que vous n’avez pas encore visités et qui déclencheront des combats liés à l’histoire. Ainsi vous progresserez dans le scénario. Chaque personnage, 15 maximum (aussi bien filles que garçons), peut utiliser à n’importe quel moment un des 20 jobs disponibles. On retrouve évidemment ceux qui sont caractéristiques à la saga Final Fantasy comme Priest ou Wizard. Toutes ces classes sont déblocables avec un niveau minimal dans certaines classes basiques. Ainsi, au début vous serez un Squire, puis un Knight et à la fin du jeu, vous pourrez choisir entre des jobs dévastateurs comme Samouraï ou bien encore Ninja… En plus des traditionnels points d’expérience améliorant les statistiques des personnages, vous gagnez des points de JP (Job Points) dans le job actuellement utilisé. Ils vous permettent ensuite d’apprendre de nouvelles habilités. Il faut les apprendre toutes pour pouvoir maîtriser un job (vous serez donc Master de cette classe). Il existe quatre catégories d’habilité: les attaques (normales ou magiques, coûteuses en MP), les réactions (contre-attaque, items, magie, en cas d’attaque ennemie), supports (toujours actifs, ils améliorent les statistiques) et les mouvements (améliorent les capacités de déplacement). Vous avez aussi la possibilité d’affecter une habilité parmi toutes celles apprises de n’importe quelle classe dans chacune de ces quatre catégories. Avant chaque combat, vous sélectionnez les personnages à mettre au combat, ainsi que leur formation (même si vous ne savez pas sur quoi vous allez tomber !). Le nombre de personnages est limité à 5 maximum (dont Ramza) sauf quand il y a éventuellement des guests dûs au scénario. Ces invités surprises sont gérés par le CPU, certains importants possèdent leur propre classe et sont très utiles. Venons-en maintenant aux combats tactiques. Ils s’effectuent au tour par tour sur un grand damier. Vos combattants peuvent se déplacer (dans un certain périmètre défini par les statistiques) et effectuer des attaques ou des actions spéciales liées à leur job. A chaque action, ils gagnent donc de l’expérience ainsi que des JP. Les ennemis peuvent aussi gagner de l’expérience et monter de niveau, ce qui augmente la difficulté. Chaque bataille vous donne un objectif à remplir pour remporter la victoire. Ainsi, il faudra vous débarrasser de tous les ennemis, tuer un personnage en particulier (un boss souvent) ou encore protéger un personnage pendant un certain nombre de tours. Le terrain est en 3D, vous pouvez donc faire des rotations de caméra pour mieux vous repérer dans l’espace. Le relief joue particulièrement sur les actions des personnages. Ainsi une attaque d’un personnage en hauteur par rapport à un autre sera plus puissante. Les conditions physiques sont aussi très importantes, une magie de feu sera plus puissante sur un ennemi de glace par exemple… Il y a aussi deux attributs très importants chez chaque personnage : Brave et Faith. Le premier sert pour effectuer plus ou moins facilement de gros dégâts ainsi que pour l’activation des habilités de réaction comme le Counter. Faith permet de connaître l’efficacité (résistance mais aussi puissance) de la magie, la vitesse à laquelle les anomalies physiques disparaissent mais aussi le taux de régénération magique. On peut néanmoins regretter de n’avoir que 5 combattants en jeu et des terrains trop petits. Quant à elle, la difficulté est au rendez-vous dès le début de partie. D’ailleurs vous avez 3 tours pour ressusciter un camarade tombé au combat. Passé ce délai, il disparaitra et ne pourra plus faire partie de votre équipe. Un bon conseil pour faire face : faites un peu de level up avant de partir dans l’aventure. Par contre, dès que TG Cid sera de la partie, vous deviendrez un vrai boucher, ce qui baisse considérablement le challenge. Vous passerez la plus grande partie de votre temps en combats et ceux-ci sont vraiment réussis. Un des gros points forts du titre assurément.
Le jeu possède des graphismes très mignons avec une palette de couleurs pastelles qui collent parfaitement à l’ambiance. Les terrains durant les combats sont en 3D alors que les personnages restent des sprite Super Deformed en 2D. Notons quand même quelques ralentissements gênants durant les invocations. Le tout va bien ensemble et le chara design demeure simple mais plutôt joli. On reconnaît bien la patte artistique de Yoshida qui a, encore une fois, réalisé un travail énorme et sublime. Les quelques cinématiques présentes sont tout aussi du plus bel effet ainsi que les magies très illuminées et vives. Niveau musical, on appréciera énormément les chef-d’oeuvres composés par Sakimoto et Iwata. On reconnaît facilement le style et la beauté des pistes. Les sentiments épiques et mélancoliques sont très bien retranscrits. Mention spéciale à Bland Logo ~ Title Back ainsi qu’au Staff Credit, la première donnant envie de jouer et l’autre finissant cette sublime épopée avec élégance et style.
SquareSoft et Matsuno réussissent leur pari : faire rêver le joueur. L’univers très cohérent plonge le joueur dans un délice de complots et dans une intrigue politique et religieuse bouleversante. La relation entre Ramza, Delita et Ovelia reste une des plus belles existantes (avec celle composée par Riou, Jowy et Nanami dans Suikoden II). Final Fantasy Tactics est aussi une oeuvre artistiquement accomplie grâce au génie et aux moyens de SquareSoft. Un jeu définitivement incomparable et d’une qualité irréprochable malgré une grosse difficulté pouvant en rebuter certains sur le début. A essayer d’urgence ne serait-ce que pour le scénario d’une grande richesse.
Ecrit par Daku le 22 octobre 2004 | Modifié le 04 novembre 2007