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  • Ikaruga
  • Titre français :
  • Ikaruga

L’ikaruga est un oiseau dont les ailes sont d’un blanc pur et d’un noir de laque.
L’Ikaruga, c’est aussi un vaisseau.

Ikaruga tout court, c’est simplement un mythe.

Année 2002. Sega annonce qu’ils laissent tomber les consoles de salon pour se spécialiser dans les jeux. Beaucoup pleurent la disparition d’un géant, d’autres s’en frottent les mains, certains s’en foutent royalement, ils n’aiment pas les jeux vidéos.

Le temps passe, lentement, peu à peu les Dreamcast sont soldées dans des packs comprenant une console, une carte mémoire et deux jeux, le tout pour 60 euros. Il faut écouler les stocks, les jeux ne sont plus produits, certains paniquent à cause de certaines raretés à se procurer et qui vaudront le quadruple de leur prix dans 10 ans.

Des jeux sortent malgré tout sur la console de Sega, mais finalement, après moult déboires, les derniers grands titres des grands éditeurs arrivent ou sont annulés.
L’histoire se répète, mais malheureusement, la Dreamcast ne possède pas de Segata Sanshiro pour la sauver du désastre.

Puis au final, on oublie un peu, on s’occupe d’autres jeux sur d’autres machines, on pleure en constatant qu’une Dreamcast était potentiellement plus puissante qu’une Playstation 2.
Tout comme avec la Saturn, Sega n’a pas su se faire comprendre par le grand public, mais cette fois c’est la fin.

Et pour commémorer cette fin mémorable, Treasure, une boîte de développement de jeux d’arcade, récidive en sortant son dernier jeu sur Dreamcast, comme elle l’avait fait avec la Saturn. A la place de la gerbe de fleurs, la Saturn avait eut Radiant Silvergun.

La Dreamcast emportera une copie d’Ikaruga au paradis.

Il y a de cela bien des années dans la petite île nation de Hourai, un des hommes les plus puissants du pays, Hourai Tenrou, découvrit le Ubusunagami Okinokai : le Pouvoir des Dieux. Cette énergie émanait d’un objet qu’il avait fait déterrer des profondeurs de la Terre, et qui lui donna des pouvoirs d’une puissance encore jamais égalée.
Peu après, Tenrou et ses hommes, qui s’appelaient eux-mêmes “Les Divins”, commencèrent la conquêtes des autres nations, les unes après les autres, se considérant eux-mêmes comme “les Êtres Choisis” et menant leurs conquêtes “au Nom de la Paix”.
Malgré tout, une nation libre nommée Tenkaku se mit en tête de tenir tête à Hourai. Utilisant des vaisseaux nommés Hitekkai, ils combattirent avec l’espoir de libérer le monde du joug de Hourai, mais tous leurs efforts furent vains.
Ils perdirent bataille après bataille, et furent quasiment éradiqués. Miraculeusement pourtant, un jeune homme survécut, il se nommait Shinra.
Refusant la défaite, Shinra partit pour une ultime bataille, et fut abattu pendant le combat, pour finir par s’écraser dans un village nommé Ikaruga, majoritairement habité par des personnes d’un âge avancé forcés à l’exil par les conquêtes de Hourai.
Le chef du village, Kazamori, ainsi que les autres habitants, réussirent à l’extraire de la carcasse de son vaisseau et à le soigner. Shinra regagna ses forces et déclara qu’il voulait continuer le combat contre Hourai, tout risquer dans une ultime bataille. Les villageois lui confièrent alors le vaisseau qu’ils avaient eux-mêmes construits : l’Ikaruga.

Héros du jeu, Shinra est le genre de type à vivre sans jamais avoir de regrets. Après que les membres de la résistance dont il faisait partie eurent été décimés dans une ultime bataille, Shinra, décida de partir seul combattre Hourai. Son vaisseau fut abattu par Kagari, mais il parvint tout de même à s’écraser près du village d’Ikaruga. Après l’avoir soigné, les villageois lui donnèrent l’Ikaruga, le seul vaisseau existant capable de changer de polarité.

Kagari est un assassin de Hourai. Engagée dans une bataille contre Shinra, elle parvint à toucher son vaisseau mais fut elle-même touchée. Sauvée par Shinra alors qu’elle allait s’écraser, elle fut aussi soignée à Ikaruga. Après avoir retrouvé des forces, voyant son honneur détruit, elle envisagea le suicide. A force de vivre avec les villageois, elle finit par renoncer à cette idée, et fut impressionnée par la volonté de Shinra. Elle décida alors de se joindre à lui dans la bataille, pour voir de ses yeux le monde de paix dont il parlait sans cesse.

Quand Hourai Tenrou déclara qu’il possédait le Pouvoir des Dieux, il fit mettre en exil tous les intellectuels vivant à Hourai. Kazamori était l’un d’entre eux. Par la suite, il devint le chef du village Ikaruga.

Amanai fut également exilé de Hourai. Mécanicien de génie, il fut celui qui créa le premier vaisseau capable de d’absorber et de tirer des charges à la fois positives et négatives : l’Ikaruga.

Bien qu’on ne sache vraiment rien de lui, Shinkai semble être également un excellent mécanicien. Il est le chef du village Shinkai et a collaboré à la construction de l’Ikaruga.

Leader de l’île nation Hourai, Tenrou Hourai déclara la guerre aux autres pays quand il découvrit le Pouvoir des Dieux, aussi connu sous le nom de Stone-Like. Toute résistance contre Hourai fut éradiquée.

Le vaisseau de combat Ikaruga est le vaisseau de Shinra. Créé par Amanai et Shinkai, il fut longtemps caché dans un hangar souterrain situé près du village d’Ikaruga. Quand il fallut le sortir, on dit que quelqu’un utilisa le pouvoir de téléportation nommé “Epée d’Acala”. C’est le premier vaisseau qui intègre les deux polarités, noir et blanc, et de surcroît capable de changer entre les deux.

Le vaisseau de combat Ginkei est le vaisseau de Kagari. Il était à l’origine un vaisseau Hourai aux performances excellentes, mais qui, malheureusement, était difficile à produire. De ce fait seuls une poignée de ces vaisseaux furent construits, et quand le département des vaisseaux de combat décida de les mettre à la casse, Kagari fut capable de s’en procurer un.
Après son crash au village d’Ikaruga, Amanai modifia le vaisseau pour lui donner les mêmes capacités que l’ikaruga.

Mêlant de manière très intelligente vieux gameplay et nouvelles technologies, Ikaruga est le premier shoot 128 bits à réellement faire parler de lui de manière positive.
Gradius 4, sorti au tout début de la Playstation 2, faisait peine à voir et on se demandait presque s’il y avait de la 3D dans cette production 128 bits (souvenez-vous du ridicule dragon de lave…).

Mais commençons par le gameplay. Qu’est-ce qu’Ikaruga apporte de plus au genre ?

Un gameplay efficace, simple à première vue, terriblement complexe dans le fond. Même si ce jeu reste un jeu de shoot à scrolling vertical, il faut compter sur une nouveauté de taille : la polarité.

La polarité du vaisseau est l’essence même du jeu : en appuyant sur un bouton, vous pouvez changer la polarité de votre vaisseau en noir ou blanc.
Changer la polarité influe sur votre attaque et votre défense : en noir vous absorbez les tirs noirs et tirez des salves noires, en blanc vous absorbez les tirs blancs et tirez des salves blanches.
Les salves blanches sont plus efficaces sur les ennemis noirs et vice-versa.

Vos ennemis sont d’une couleur précise et hormis le boss final, ne peuvent pas en changer. Il faut donc savoir gérer l’attaque et la défense de manière construite : si le mieux est de détruire vos ennemis avec leur couleur contraire, vous vous exposerez à leurs tirs.

Voila donc tout le dilemme : si vous décidez de vous la jouer serial killer en tuant vos ennemis avec la couleur qui leur est opposée, vous devrez en contrepartie savoir esquiver les tirs de manière efficace. Si au contraire vous préférez vous la jouer sécurité, vous absorberez les tirs ennemis et les tuerez avec leur propre couleur. Vous serez alors moins efficace mais vous pourrez en contrepartie charger vos missiles plus rapidement.

Car hormis le tir principal, vous possédez des stocks de missiles, douze au total, vous permettant de lâcher une attaquer dévastatrice sur vos ennemis. Seulement, ces missiles ne se remplissent qu’en absorbant des tirs.

Vous comprenez le principe : il faut savoir se montrer efficace, mais également futé, pour réussir à remplir ses jauges de missiles qui sont parfois essentielles pour votre survie.

Cela nous amène au second point le plus important du jeu : le système de chain/combo.

Jouer sur le changement de polarité est essentiel, mais Treasure a trouvé bon de pousser le vice encore plus loin. Ainsi le système de chain/combo fait son apparition.
Très simple au premier abord, ils agit “tout simplement” de tuer trois ennemis de chaque couleur à la suite pour réaliser une chain. Ainsi vous pouvez par exemple tuer trois ennemis noirs, puis trois blancs, puis encore trois blancs, puis trois noirs… Plus vous faites de chains, plus votre score monte.

Loin du gadget, ce principe est parfaitement applicable dans le jeu et les développeurs ont bien fait en sorte qu’il soit souvent difficile à réaliser.
Si au début du jeu vos ennemis seront par groupes de couleur bien distincts, très vite cela se corse et vous vous retrouvez devant une marée d’ennemis aux couleurs différentes, tous mêlés les uns aux autres. Dans ce cas, tirer dans le tas ne sert à rien : il faut sélectionner son ennemi et sa couleur, en tuer trois et continuer dans cette voie.

Et cela est terriblement difficile, réaliser une série de chains parfaite du début à la fin du stage est un challenge que peu de personnes peuvent se targuer de réussir, et souvent, au début, on laisse le challenge de côté pour simplement essayer de survivre devant le flot d’ennemis !!!

Le jeu se compose de cinq missions. Au début de chacune vous avez un « prologue » pour vous échauffer, puis un écran apparaît, vous indiquant le nom du niveau et une citation de Shinra. Après le cinquième niveau, vous aurez droit à un final ahurissant de difficulté.

Ils se nomment respectivement :

  • 1. Ideal
  • 2. Trial
  • 3. Faith
  • 4. Reality
  • 5. Metempsychosis
  • 6. The Stone Like

Chaque niveau est composé différemment et répond à une logique et une manière de jouer très différente.

IDEAL

“Alas, the Ikaruga departs. What could make those people move, Who were secluded against their will? This is probably none other than The very basic will to live”.

Premier niveau qui aura pour but de vous initier aux bases du jeu. Dès le début, vous voyez votre vaisseau lancé telle une flèche à travers une sorte de cargo gigantesque. En le quittant, vous vous retrouvez à combattre au dessus de la forêt, puis le long d’une tour gigantesque. Le boss est un robot humanoïde possédant une épée à la polarité blanche, un bouclier noir et des grenades alternant entre les deux couleurs.

TRIAL

“The more stubborn your own will is, The more Trials you will be blessed with. Of course, if you can avoid the Trials before your eyes, It is also possible for you to flee them. But the real purpose of a Trial Is to make your soul stronger.”

“Trial” commence très rapidement, les ennemis sont nombreux, vous combattez au dessus d’une gigantesque ville, puis vous plongez vers les profondeurs de cette dernière. Le rythme est alors très lent, mais ne laisse pas le droit à l’erreur : vaisseaux, systèmes de défense et caisses normalement prêtes à charger sont là pour vous bloquer le passage. Le boss est un énorme “Ying et Yang” dont les seuls points faibles sont situés sous des trappes qu’il vous faut en premier lieu ouvrir. Ensuite il faut rester entre le point faible du boss et la trappe qui menace à tout moment de revenir en place et de vous écraser…

FAITH

“In this world there is nothing absolute, One may someday feel unsure And sometimes even feel lost. In order to overcome this One must have a strong Faith And know how to take action.”

“Faith” mettra à l’épreuve vos réflexes. Si le début du niveau est assez lent mais néanmoins difficile et surtout piégeur, la seconde partie laisse la place à une vitesse ahurissante et à des ennemis nombreux. Tout le stage se déroulant entre deux parois, vos déplacements devront être minutieusement calculés, les portes se refermant rapidement. Un mid-boss viendra vous poser des problèmes. Quant au boss en lui-même, c’est une gigantesque roue aux arceaux de différentes couleurs.

REALITY

“And then Reality reared it’s ugly head.
What did you seek…
What did you see…
What did you hear…
What did you think…
What did you do…”

“Reality” est plus basique mais également beaucoup plus difficile. Si le niveau démarre de manière assez rapide avec de nombreux ennemis qui vous attaquent par devant et derrière, la suite est encore plus dure : au somment d’une tour se trouve une gigantesque parabole : il vous faut entrer à l’intérieur et essuyer des tirs croisés de polarités différentes tout en détruisant les nombreux ennemis qui vous assaillent. Le boss quand à lui, est assez inexplicable : une sorte de roue pleine et chromée ouverte à seulement trois endroits et lâchant régulièrement des lasers gigantesques tout en vous bombardant d’ennemis.

METEMPSYCHOSIS

“And then the Karma will go back to the will it belonged to before, And will shake awake the First One, The first conscious being still present at the deepest corner of one’s memories. And so, the Ikaruga departs…”

“Metempsychosis” est une orgie de gameplay. Tout le niveau vous êtes attaqués par un sous boss lâchant tellement de tirs qu’il est presque impossible de passer entre, et le boss final quand à lui, est un gigantesque démon de forme ovoïde qui change de polarité toutes les secondes en vous bombardant des mêmes missiles que ceux que vous usez pour le détruire. Il vous faut donc absorber ses missiles tout en évitant ses tirs normaux, et bien sur penser à l’attaquer en même temps… Pas facile…

“The Stone Like” enfin, se passe juste après Metempsychosis. La pierre des Dieux est face à vous, mais vous ne pouvez pas tirer. A vous de survivre pendant 100 secondes pour voir la fin du jeu…

Il y a trois modes de difficulté : facile, moyen, difficile.
En facile il y a peu d’ennemis et ils ne laissent pas de projectiles quand ils sont détruits. En moyen le nombre d’ennemis augmente et ils laissent quelques projectiles une fois détruits. En difficile enfin, les ennemis sont hyper nombreux et laissent énormément de tirs en explosant, rendant le challenge beaucoup plus tendu.
Si en facile, vous vous contentez de détruire vos ennemis, en moyen et difficile il faut faire preuve de plus de subtilité : chaque ennemi lâchant des tirs en étant détruit, si vous êtes de la polarité inverse à votre ennemi lorsque vous le détruisez, vous avez de fortes chances de mourir.

Il existe un mode de jeu déblocable nommé “Prototype”. Dans ce mode de jeu qui devait être au départ celui de base d’ Ikaruga, vos tirs sont limités et vous devez absorber les tirs ennemis pour pouvoir vous-même tirer !!

D’un point de vue graphique, on voit tout de suite que Treasure a fait très fort. Les niveaux sont entièrement en 3D et l’illusion de devoir suivre une simple ligne droite à cause du scrolling est inexistante. Encore mieux : il est fréquent que lorsque le niveau débute réellement (après le prologue), vous voyiez votre vaisseau se rapprocher de la caméra, charger ses réacteurs devant vos yeux et partir à toute vitesse en piqué vers les ennemis qui vous attendent un peu plus loin.
Les environnements sont nombreux et variés, d’une tour à un ciel nuageux noyé dans un magnifique coucher du soleil.
Dans le cas d’ Ikaruga on peut parler de quadrichromie, le jeu étant graphiquement basé sur quatre couleurs : le noir, le rouge, le blanc, et le bleu, ainsi que leurs dérivés et dégradés. Un niveau fait souvent la part belle à une ou deux de ces couleurs, et le soin apporté au level design est indiscutable.

Les level designers de Treasure ont du passer et repasser en boucle chaque niveau pour y trouver les bugs d’affichages et problèmes de couleurs. Aucun défaut à mentionner, Ikaruga peut se vanter d’être un des seuls jeux où le design et le graphismes sont tout simplement parfaits.

La durée de vie de ce jeu est probablement une des plus faibles du jeu vidéo : comptez entre vingt et vingt-cinq minutes pour le terminer.
Si vous le terminez bien sûr… Ikaruga possède une durée de vie à la base ridicule mais une des replay values les plus efficaces vues à ce jour. C’est un jeu d’ arcade, or dans un jeu de shoot arcade comme Ikaruga ou Metal Slug, les ennemis d’une partie à l’autre sont toujours au même endroit et arrivent toujours de la même manière.
A chaque nouvelle partie on retient donc comment détruire de manière efficace chaque ennemi. Au final et c’est là le but, il faut apprendre le jeu par coeur si l’ont veut le finir, encore plus si on veut péter les high scores.
Selon votre temps de jeu enregistré sur la carte mémoire, vous gagnerez au fur et à mesure des crédits supplémentaires. Au bout d’une heure vous aurez quatre crédits au lieu de trois. Une fois les dix heures de jeu atteintes, vos vies sont illimitées. Vous débloquerez également divers bonus tels des artworks du jeu tout simplement magnifiques qui achèveront de vous convaincre que Treasure n’a absolument rien laissé au hasard.

Conclusion : Ikaruga est une ode aux jeux d’arcade, un triomphe du jeu vidéo, une expérience orgasmique vidéo ludique, la crème de la crème du travail léché, un parcours initiatique que chacun se doit d’essayer au moins une fois.

La replay value infinie, son mode de jeu jamais vu ailleurs, ses graphismes prodigieux, tout tend à rendre ce titre mythique.

Mais ne l’est-il pas déjà ?

Si vous voulez consulter les classements mondiaux, voir des vidéos de pros, trouver des arts du jeu ou encore écouter la bande son, ce site est pour vous : http://www.ikaruga.co.uk.


“You did your best. Was I helpful for you?”
“I am deeply grateful to you.”
“Do you think… we did the right thing?”
“It’s alright… I’m sure that sometimes, The day will come where we understand each other. And then we’ll walk together into the far future… Because Life is given from one generation to the next one”

Ecrit par Neithan le 28 août 2005 | Modifié le 04 novembre 2007

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