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  • Titre original :
  • KURAU Phantom Memory
  • Titre français :
  • KURAU Phantom Memory

KURAU Phantom Memory artwork.

~ There was a time… ~

Couché de rail sous fond de réseau solaire, heu non... l'inverse.

Nous sommes en 2100. L’action se déroule sur la Lune, colonisée par l’homme depuis quelques temps déjà. C’est aujourd’hui l’anniversaire de Kurau, une petite fille de 12 ans, qui vit dans une charmante villa avec son père. Celui-ci travaille actuellement avec un groupe de chercheurs sur l’étude d’une nouvelle source d’énergie. Complètement absorbé par ce projet, il a oublié l’anniversaire de sa fille. Honteux, pour se faire pardonner, il lui propose de l’emmener avec lui au laboratoire pour assister à la dernière expérience. Kurau, ravie de cette occasion de passer une journée complète avec son père, n’hésite pas une seule seconde.

Kurau. Le père de Kurau.

Lors de cette fameuse expérience, la réaction s’emballe et les machines n’arrivent plus à suivre. Les chercheurs décident de tout arrêter avant qu’un incident terrible ne se produise, et coupent l’alimentation. Soudain, dans un flot de lumière éblouissante, deux boules d’énergie pure sont expulsées de la cuve et commencent à danser dans la pièce, jusqu’à ce que l’une d’elle… percute de plein fouet Kurau, qui se dématérialise en une pluie d’étoiles d’un jaune pâle intense.

Son père, horrifié, se précipite à l’endroit de l’impact, le rictus de la douleur imprimé sur son visage. Alors qu’il franchit les dernières marches menant à la salle où l’attendait Kurau pendant l’expérience, les étoiles en suspension fusionnent et laissent apparaître Kurau, flottant dans l’air, nue et rayonnante d’une douce lumière jaunâtre. Elle tourne son regard vers son père : ses yeux sont totalement vides d’expression. Apercevant l’autre boule d’énergie qui continue son ballet dans la salle d’expérimentation, tel un fantôme, elle traverse la vitre de protection et vole pour s’en saisir. Elle la recueille dans le creux de ses mains et la serre tendrement contre son coeur, jusqu’à l’absorption, puis se pose gracieusement.

Je suis la maitresse du mondeeeee. Et je me pose.

Son père s’élance vers elle à nouveau et essaye de la prendre dans ses bras, mais Kurau l’évite d’un impressionant bond en arrière, qui laisse derrière elle une traînée lumineuse. Il l’appelle par son nom, mais le petit être de lumière lui répond qu’il est Rynax, et que son corps appartient à Kurau Amami.

Nonon, je ne suis pas Kurau Amami mais Rynax.

~ Ben c’est mal parti… ~

Ainsi commence Kurau Phantom Memory, série assez récente tout droit sortie des studios Bones (RahXephon, Wolf’s Rain, ...), dont on reconnaît immédiatement la patte si particulière. Ceci étant dit, soyons clairs : j’avais rarement eu l’occasion de voir un premier épisode aussi réussi, et c’est avec un enthousiasme démesuré que j’ai attendu la suite, convaincu d’avoir à faire à une nouvelle réussite du studio. Malheureusement, ça n’est pas totalement le cas, nous verrons cela par la suite.

Les quatres fers en l'air.

~ Considérations techniquo-chiantes ~

Au niveau technique, c’est quasi-irréprochable, même si les pinailleurs trouveront quelques petits défauts d’animation. La série jouant beaucoup sur les relations et les sentiments des différents personnages, les visages sont extrêmement expressifs. C’est de ce côté là une totale réussite. Le character design, sans atteindre des sommets, reste très agréable à l’oeil, et l’on s’attache vite aux personnages.

Du côté de la musique, rien qui soit susceptible de rester à jamais dans les mémoires, si ce n’est trois ou quatre pistes, délices pour les oreilles (c’est évidemment totalement subjectif, mais je pensais en particulier à l’ending et à la musique que l’on peut entendre lors de l’incident dans le premier épisode). Le niveau reste cependant tout à fait acceptable et sans doute supérieur à la moyenne du moment. Elles complètent très bien l’action à l’écran, on ne leur en demande pas plus.

Les twin towers.

~ Et le scénario dans tout ça ? ~

Le professeur Amami éprouve beaucoup de mal à cacher sa haine face au Rynax qui habite sa fille, et le supplie de prendre soin du corps d’accueil à tout prix. Complètement déboussolé par cette situation absurde, il ne sait plus comment se comporter avec elle. Après un temps d’adaptation, il finira par l’accepter comme sa fille et à lui donner tout l’amour qu’un père puisse donner à son enfant. Malheureusement, Kurau devient rapidement un véritable sujet d’étude. Ses journées se passent en laboratoire, affublée d’innombrables capteurs, et l’on ne lui laisse que peu de répit.

Dix ans plus tard (cette ellipse est volontaire puisque d’une part on la retrouve dans la série, et d’autre part parce que je n’ai pas envie de trop vous en dire), on retrouve Kurau vivant seule sur Terre, dans un petit appartement. Rongée par la solitude, elle s’envole, chaque soir, pour lancer un appel passionné à sa paire (les Rynax vivent par paires. Sans leur paire, ils n’ont plus la force de vivre et deviennent fous, ou cherchent à mourir. Oui, c’est gai). Un soir, alors qu’elle vient de s’endormir, un petit être de lumière se dégage gracieusement de sa poitrine et effleure tendrement sa joue avant de lui souffler : « Excuse-moi d’avoir mis tant de temps à venir ».

Seule au monde.

A partir du moment où Kurau et sa paire seront réunies (ndAniki : j’ai ri, pardon), les évènements s’accélèreront brutalement. Le GPO (organisme chargé de la sécurité de la planète qui mène également les recherches sur l’énergie Rynax), à la recherche de Kurau (toujours considérée comme un cobaye, accessoirement dangereux), ne tardera pas à retrouver sa trace, et Doug, un agent mystérieux, commencera presque aussitôt à les surveiller toutes deux de près. En même temps, des incidents liés au Rynax se multiplieront sur Terre et sur la Lune.

Même si l’histoire est très largement axée sur les relations entre les personnages et des scènes de vie quotidienne, l’action et les intrigues auront la part belle pendant une bonne partie de la série. Complots, courses-poursuites, combats entre Rynaxiens, vengeances, infiltration, vous en aurez pour votre argent.

Un réacteur ?.

~ Galerie de personnages ~

Le Professeur Amami.

Professeur Amami
Il est le père de Kurau, qui ne l’a pas revu depuis une dizaine d’années. Qu’est-il devenu ?

Kurau Amami.

Kurau Amami
Habitée par le Rynax, elle vit cachée, seule, travaillant en tant qu’agent sur Terre. Recherchée par les hommes du GPO, elle est sans cesse en mouvement. Altruiste, douce, aimante, vive d’esprit et tête brûlée, son principal souci restera pendant longtemps de protéger sa paire, Christmas, pour laquelle son amour n’a pas de limites. Ses pouvoirs hors du commun le lui permettront… un temps. Soucieuse de protéger ce corps qui ne lui appartient pas, sa promesse de le quitter un jour pour en rendre le contrôle à la véritable Kurau prendra de plus en plus d’importance pour elle au fil du scénario.

Christmas.

Christmas
Elle est la paire de Kurau, celle sans qui, pour elle, la vie n’aurait plus aucun sens. Encore très jeune, ses pouvoirs mettront du temps à s’éveiller.

Doug.

Doug
Ancien agent du GPO devenu indépendant, il semble avoir été engagé par une personne extérieure pour surveiller les moindres faits et gestes de Kurau et Christmas. Prenant sa tâche très à coeur, il ne tardera pas à s’attacher à ces deux êtres comme à ses enfants, n’hésitant pas à mettre sa vie en péril pour elles. Quel mystérieux personnage l’a engagé ? De quel côté se situe-t-il vraiment ?

Ayaka.

Ayaka
Agent du GPO jadis formé par Doug, elle est responsable de l’équipe traquant Kurau. C’est un personnage qui mène une vie solitaire, morne, terriblement monotone, et pour qui seul le travail compte. Très froide et disciplinée en apparence, elle obéit aveuglément à tous les ordres de ses supérieurs. On nous apprendra, plus tard, les causes profondes de la façon d’être de cette pauvre femme.

Inspecteur Wong.

Inspecteur Wong
Supérieur hiérarchique de l’agent Ayaka, il se répugne à donner la moindre explication sur les ordres de mission qu’il donne, laissant ainsi ses hommes dans le flou artistique le plus total. Un personnage assez complexe et surtout distant, qui ne se dévoile jamais. Il semble pourtant pris d’affection pour le professeur Amami, tandis que quelques unes de ses actions laissent planer une certaine ambiguité quand à son dévouement au GPO.

Monsieur Saitou.

Monsieur Saitou
Président du GPO, c’est un personnage pour le moins mystérieux. Je vous laisse le plaisir de la découverte…

~ Salut Poncif, ça boume ? ~

Vous êtes sûrement en train de vous demander pourquoi j’ai choisi ce titre ô combien ridicule, et surtout s’il a un quelconque rapport avec la série. La réponse est trois fois oui (au bas mot). Kurau Phantom Memory est malheureusement bourré de clichés en tous genres, que ce soit au niveau des personnages, dans l’ensemble (pour ne pas dire tous) assez stéréotypés (l’un qui a perdu toute sa famille et reprend le flambeau de son père, l’autre profondément altruiste, je ne vais pas tous les détailler), ou au niveau du scénario, tout simplement. C’est d’autant plus regrettable que certaines idées donnaient matière à quelque chose d’autrement plus original et intelligent. Comme je l’ai déjà souligné, les premiers épisodes laissaient vraiment augurer du meilleur, mais très vite, la série s’essoufle, puis sombre dans une mer de bons sentiments et de lieux communs qui en rebutera sûrement plus d’un. La folie des hommes toujours en quête de pouvoirs défiant l’imagination, bafouant les conséquences néfastes que leurs découvertes pourraient avoir à plus ou moins grande échelle ; deux êtres liés par un amour fusionnel et séparés malgré eux ; des innocents dotés de pouvoirs paranormaux poursuivis par une organisation secrète pour servir de cobaye à la science ; j’en passe et des meilleures ; c’est triste à dire, mais Kurau Phantom Memory est presque entièrement construit sur ce genre de clichés. Rageant.

Cette fois-ci pas d'erreurs, le train est kaputt.

~ ” Attention Bill, derrière toi ! ” ~

J’ai toujours trouvé que le scénario de cette série avait une tête de Bill. Enfin, passons. Quelle horrible créature se cache derrière Bill, déclenchant par là même l’hystérie de son bon ami John ? Je suis tenté de vous parler de néant intersidéral, mais comme je suis bien élevé, tentons de trouver quelque chose de moins radical. Disons que certains y trouveront une (toute) petite dénonciation des travers de la science, que d’autres apprécieront l’omniprésence du thème de l’amour sous toutes ses formes (paternel, maternel,...), tandis que d’éternels boulets, comme à leur habitude, partiront dans des considérations épiques pour échaffauder des interprétations ridicules « à partir de la couleur du manche de la casserole de l’épisode 56 » ©. Ceux qui restent se contenteront d’y voir une jolie fable attendrissante pleine de sentiments, devant laquelle on s’émeut fréquemment, le tout sur fond de thriller futuriste. Soit, c’est d’une niaiserie à toute épreuve, et beaucoup de gens se pendront de consternation dès les premiers épisodes (oui, j’exagère, j’aime exagérer). Certes, si pour vous, regarder des animés s’apparente à un sport cognitif plus intense que la résolution d’équations de Ferma, que série rime avec théories (fumeuses de préférence) et Aspro 1000 (doublée d’une bouillote), le visionnage de Kurau Phantom Memory sera juste un supplice. Par contre, si l’envie vous prend un jour de regarder une série rafraîchissante, émouvante et sans prétentions, vous allez vous régaler.

Un couple d'amoureux, si c'est pas mignon. Non, ce n'est pas le chemin de croix.

~ Et si on concluait ? ~

En résumé, si votre coeur est plus froid qu’un steak congelé et que vous ne pouvez pas supporter les séries qui ne provoquent pas une rupture d’anévrisme par épisode, vous pouvez sans regret la laisser tomber. Dans le cas contraire, si vous êtes un tant soit peu sensible et peu regardant sur le fond des choses, n’hésitez pas, cette série vaut son pesant d’or.

Mention spéciale pour la fin, qui m’a ému aux larmes et m’a imprimé un sourire niais sur le visage pendant au moins deux jours.

Fly me to the moon....

Ecrit par NoZ le 05 juin 2005 | Modifié le 04 novembre 2007

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