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  • Lunar 2: Eternal Blue Complete
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  • Lunar 2: Eternal Blue Complete

Lunar, un mot qui doit résonner comme un doux glas aux oreilles des bienheureux qui auront eu l’occasion de s’y adonner – et avec ferveur s’il vous plaît, c’est un fan qui vous le demande ! Et qui doit surtout sonner creux pour la majorité, cette petite merveille du RPG n’ayant malheureusement pas tous les honneurs du public qui lui seraient dus. Lunar, c’est une histoire compliquée de versions en pagailles, de remakes, de trucs japonais pas sortis chez nos compagnons américains, de trucs japonais pas sortis chez nous (tous en fait, comme ça l’affaire est réglée : pas PAL !). Mais Lunar, c’est avant tout un monde féerique, drôle, beau, enchanteur, et surtout vieillot ; old school, comme on dit. Si vous aimez ça (le old school !), Lunar ne peut que vous plaire, et je vous invite donc à lire l’article qui suit pour découvrir une perle du RPG japonais, dans le plus pur style du genre.


Lunar avait son Nall, Lunar 2 a Ruby. Vous saurez apprécier sa douce voix mélodieuse.

Si Game Arts – boite de développement à qui l’on doit la prestigieuse saga des Grandia, entres autres – avait marqué les esprits avec Lunar: The Silver Star et son remake Silver Star Story (testé par l’ami Nooj ici-même, en ces lieux), elle remet ici le couvert avec une suite. Pour ce second opus, tous (ou presque) les ingrédients du premier ont été gardés, et selon moi, améliorés. Car c’est bien connu, c’est dans les meilleurs pots qu’on fait les meilleures soupes. On va donc pas cracher dedans.

Pour se débarrasser déjà des informations lourdes, je vais vous parler de l’historique du jeu. Car Lunar 2: Eternal Blue, est, comme son prédécesseur, un remake. Celui-ci, nommé Lunar: Eternal Blue (pratique pour la dissociation, je sais) est sorti en 94 sur Mega-CD. Le jeu a ensuite été décliné sur Saturn (Japon uniquement) avant de connaître la version qui nous occupe actuellement. Ca a l’air inintéressant comme ça, mais ça aura son importance par la suite, vous verrez.

Après ces renseignements effectivement lourds, passons à des choses autrement plus réjouissantes, l’univers, le scénario, tout ça (c’est la transition la plus pitoyable de toute ma loooongue liste d’articles sur ce site). Mais soit, passons ! L’histoire prend place mille années après le premier épisode. Hiro, jeune aventurier et archéologue en herbe, décide, contre les recommandations de son grand-père Gwyn (il va mal tourner ce jeune, c’est moi qui vous le dis… bientôt la drogue, la prostitution, les jeux vidéo…), d’aller explorer les ruines qui traînent près de l’endroit où il habite, en quête de quelque trésor. Accompagné de son fidèle compagnon Ruby, une chatte (youpi, hourra, j’adore… hum, les chats, bien entendu) ailée à la voix qu’on croirait filtrée par un ballon en hélium, il se rend donc dans ces ruines et récupère sans mal un joyau, la trouvaille de la journée. Malheureusement, notre duo de choc finit par s’écraser assez lamentablement dans une pièce gorgée de… de monstres. Oui, je pense qu’on tient le bon terme là. S’ensuit une course effrénée où nos héros sont poursuivis par une quantité exponentielle de monstres dans les dédales du donjon. Ce faisant, Hiro est suffisamment prévenant et guilleret pour en profiter pour s’introduire, lui et Ruby. Belle attention de sa part envers un public avide d’en savoir plus sur l’avatar qu’il va contrôler pour quelques petites dizaines d’heures bien courtes.


Hiro Hijo de la luna (pardon…) rencontre le brave chevalier Leo.

Après cette aventure pour le moins héroïque (comme dirait Ronfar, humble personnage du jeu qui nous occupe : “The trick is to know when to walk away and know when to RUN!” ), notre équipe de bras cassés rentre à la maison. En chemin, ils croisent un vaisseau immense, le Destiny, navire maritime et terrestre appartenant au général Leo, l’un des quatre grand héros de la déesse Althena, protégeant le monde de Lunar. Celui-ci dit être à la recherche du Destroyer (le Destructeur). Althena a prédit que celui-ci viendrait de la Blue Spire pour détruire Lunar. Gwyn, notre archéologue et érudit, très intéressé par la Blue Spire, n’en peut plus quand il voit une lumière immense en jaillir. Il décide donc de s’y rendre avec Hiro et Ruby. Là haut, délaissant grand-père, nos tourtereaux (hum) font, au sommet de la tour, une rencontre pour le moins étrange. Une femme apparaît soudainement dans un halo aveuglant.


Lucia, âme solitaire expérimentant les émois humains…

Cette jeune femme dit se nommer Lucia et vouloir parler à la déesse Althena. Mais selon les dires de Leo, c’est elle, Lucia, le Destroyer, celui-là même qui désire la destruction du monde de Lunar ! Mais Hiro, faisant confiance en sa libido plus qu’en la déesse (ou du moins, pas la bonne :)), se décide à soutenir Lucia et à l’aider, d’une part à échapper à un Leo pour le moins tenace, et d’autre part à l’emmener à Pentagulia, la cité sainte abritant la déesse. Le voici embarqué dans une aventure au-delà de ses rêves les plus fous. Phrase convenue mais efficace pour vous dire que là, il va encore s’agir de sauver le monde.

Mais un tel voyage est bien évidemment semé d’embûches. Car bien sûr, toutes les grandes villes du tout Lunar semblent vivre coupées du reste du monde, et ça leur viendrait pas à l’esprit de construire des voies de circulation pour les gens civilisés qui ne sont pas des sanguinaires tranchant les loirs qui ont eu le malheur de passer à 8 mètres de leur espace vital. Alors pour aller d’un point à un autre, il faut traverser des montagnes, des déserts, des forêts, des châteaux bien sûr hantés, des donjons inamicaux, j’en passe, et des moins reluisantes. Fort heureusement, Hiro et Lucia ont de la chance, car non content d’être héros de RPG, et donc d’affiner leurs talents mille fois plus vite que la moyenne, les programmeurs ont eu la bonne idée de leur simplifier la tâche, à eux et à leurs compagnons.

Ainsi le système de jeu est-il d’une simplicité géniale. Car toute simplicité n’est pas mauvaise, et ceci, Lunar le prouve sous quasiment tous les aspects que peut faire miroiter au joueur un jeu vidéo. Mais n’anticipons pas : système, Maestro !

Le système de Lunar est d’une limpidité sans équivoque. A savoir que tout est clairement représenté. Nous sommes dans un système de combat où les monstres sont affichés sur l’écran des pérégrinations, puis où la surface de combat, et a fortiori, le combat lui-même, se déclenchent une fois collision (qu’on préfère ne pas imaginer, vu notre grande sensibilité de joueur) entre notre troupe et l’abomination qui hante le donjon. Ici, en tour par tour, vous décidez des actions que vont effectuer vos personnages. Les choix sont on ne peut plus simple : Attaquer (il s’agit là de porter une attaque physique et ainsi de porter atteinte à l’intégrité physique de votre ennemi), utiliser un pouvoir (il s’agit là de porter une attaque magique ou d’effectuer une technique et ainsi de porter… mais aussi de soigner ou d’améliorer les capacités d’un allié !), utiliser un objet (il s’agit là d’utiliser un objet dans le but de vous soigner ou d’attaquer un ennemi afin de porter atteinte à l’intégrité...), ou bien fuir (il s’agit là de prendre vos jambes à votre cou, et de faire preuve ainsi d’une grande lâcheté, mais parfois tellement justifiée dans Lunar…).

On ne peut donc faire plus simple (notamment avec des icônes d’une clarté transparente), mais bon sang, que c’est bon. Le dynamisme et la rapidité des combats y sont pour beaucoup. Vos personnages se déplacent sur le terrain, tout est très rapide, ça beugle dans tous les sens… bref, c’est vivant et court (et ça peut aussi très vite tourner court, il est vrai). Autre aspect assez jouissif des combats, les attaques et la gestion du terrain. Ici, vos personnages peuvent parcourir une certaine distance sur la surface de combat. Si leur cible était trop éloignée, ils perdent ainsi leur tour après s’être déplacés. Et s’il est très frustrant de perdre un tour ainsi, il est aussi particulièrement agréable (pour ne pas reprendre le terme jouissif, bien qu’il convienne mieux) de voir l’ennemi se planter juste devant sa potentielle victime, privé de mouvement pour avoir dû faire le tour devant quelques marauds qui s’étaient mis en travers de son chemin. Concernant les attaques, il faut d’abord savoir que tous les sorts et techniques s’apprennent automatiquement lorsque vous franchissez certains niveaux. La particularité de Lunar, c’est qu’en plus de ça, il est parfois possible d’obtenir une attaque physique supplémentaire, qui fera que votre héros pourra porter deux attaques en un tour au lieu de deux. Et ça, c’est, chers amis, l’apothéose, le plaisir procuré par cette attaque cadeau étant, à quelques centième près et des poussières, relativement proportionnel au pourcentage des dégâts supplémentaires infligés à l’impudent rufian qui a osé poser ses sales paluches pleines de doigts (quoi que pas toujours) sur votre Lucia… mais hum, je m’égare. Et nos chers troubadours n’auront pas trop de ça pour venir à bout des boss infatigables et monstres redoutables qui font des Lunar une célébrité de la difficulté. Car le système a beau être simple, le jeu est si dur, et l’on nous a habitué à telle facilité, qu’il faudra gérer de manière optimale tant vos déplacements sur le terrain que vos actions, tirer parti de la moindre faiblesse de l’ennemi, savoir précisément quand vos personnages vont avoir l’occasion de jouer (“avant ou après le monstre ? Je soigne avec mon bourrin car il joue plus vite, ou bien je prends le risque d’une attaque ennemie pour utiliser la magie de mon prêtre ?”) et gérer vos MP comme un banquier. Telles seront les clés de la victoire, vous évitant de tomber au champ d’honneur, pas si honorifique que ça, et même franchement honteux, donc tristement exaspérant. Fort heureusement, notre (petite) équipe est plus qu’éclectique et saura se mesurer à chaque situation.


Jean, danseuse éméritée aux compétences guerrières d’un très lourd fardeau…

L’éclectisme de notre troupe est sans doute le point fort de Lunar 2, tout comme il l’était dans Lunar premier du nom. Les créateurs ont réussi un tour de force, à nouveau, en proposant parmi les personnages de RPG les plus vivants qu’il m’ait été donné de voir. Plusieurs raisons à cela, à commencer par des caractères bien tranchés et des dialogues tout à fait savoureux. Un humour omniprésent, que ne dessert pas une ambiance très manga (tant dans le graphisme que dans l’humour), qui se traduit par des joutes verbales souvent géniales entre nos différents protagonistes, ayant chacun leur caractère propre, leurs défauts et leurs qualités. Cela contribue à donner cette ambiance si unique qui caractérise Lunar et sa principale qualité : la richesse de ces personnages, la simplicité de ses émotions, et finalement toute sa beauté, toute son humanité (Lucia * _ *). L’excellence du doublage y est également pour beaucoup (Lucia bis * _ *). Que ce soit durant les dialogues, les combats, ou bien encore les scènes animées, les voix sont expressives et collent parfaitement aux personnage. Entre vieux démons et prises de becs, le jeu saura susciter en vous le rire, la joie, la tristesse, comme peu de jeux peuvent se targuer de le faire, et c’est sans doute la plus grosse qualité du soft. L’histoire, quant à elle, se montrera classique par ses débuts, mais saura vous réserver de très nombreuses surprises pour finir par se révéler être un scénario de grande qualité, encore une fois grâce à l’appui de ses personnages et de son ambiance “polyvalente”, si j’ose dire.


Ronfar, prêtre d’Althena tombé en disgrâce, joueur et buveur invétéré, rongé par le remord…

Son ambiance, bien que le jeu la doive à ses personnages, ceux-ci la doivent également au graphisme qui se dégage du soft. Première constatation pour un jeu Playstation : c’est… laid. Du moins c’est ce que dira l’oeil de celui qui ne s’attardera pas assez sur le jeu. Pour donc commencer sans fioriture, on va d’abord dire que Lunar 2, c’est un jeu OLD SCHOOL, comme je le disais plus haut. En gros, ça veut dire que c’est moche, mais que c’est powaa quand même. Bref, si ça vous plait de voir votre écran défoncé par un troupeau de polygones inexpressifs, passez votre chemin, parce que Lunar, c’est tout le contraire : c’est expressif, ça a tout son charme, mais ça cherche pas à vous décoller la rétine. Donc j’aime autant vous dire que si vous êtes amateurs de paquebots d’octets visuels qui sont coulés par des icebergs de clipping (mais sii, vous savez, ce terme technique de gamer qui fait que vous pouvez marcher dans une plaine qui s’étend nue et vaste sur des kilomètres, puis vous prendre un gros panneau dans la gueule la seconde suivante) et autres bugs que vous êtes loin de comprendre, mais qu’il est toujours de bon ton de connaître car, c’est bien connu que les problèmes de clipping, ça se case facilement dans les dîners ; ces fameux bugs inhérents à la 3D qui, couplés à la laideur de la dimension suscitée, justifient à eux-seuls la raison d’être de ce réalisme criant (c’est pour ça qu’il y a une maladie psychologique de surdité volontaire :() de vérité, et bien, laissez-moi vous dire que vous êtes bien mal tombés et avez tout intérêt à redescendre sur terre, car Lunar n’a pas besoin de vous. Elle vous RENIE même, cette planète chère à mon coeur.


A gauche, le décor dans la version Mega CD, à droite, la version Playstation.

Pour sa cause et me faire l’avocat du diable (bien que le jeu n’en ait nul besoin !), je parlais plus haut de l’importance de détailler l’historique des versions du jeu, il faut rappeler que le jeu était initialement sorti sur Mega-CD, en 94 (pour les moins au courant, la Playstation n’était même pas sur le marché à cette époque, bien que la Super Nes soit en fin de vie). Avouons donc que la qualité graphique du soft est en partie compréhensible. Néanmoins, bien que les graphismes aient été retouchés, on est loin de la qualité qu’on serait en droit d’attendre d’une 2D sur notre station à jouer. Cependant, faire plus qu’affiner les jolis graphismes très mignons du jeu aurait complètement ruiné et dénaturé l’ambiance, c’est donc avec bonheur qu’on constate qu’on nage dans des paysages, certes au graphisme simple, mais au charme indéfinissable et accrocheur. Les nombreuses vidéos (3 CD de jeux, ça se justifie !), privilégiant l’anime à la synthèse, renforcent l’ambiance japoniaise citée plus haut. Bref, on se trouve en face d’un jeu techniquement obsolète, mais qui saura combler les joueurs par son ambiance, et pourquoi pas la nostalgie, pour certains.


La carte du monde et un lieu que je vous laisse découvrir. (Notez la statue, point de sauvegarde de Lunar 2.)

Pour finir, les musiques, j’y viens rapidement. Les compositions sont donc globalement bonnes, collent parfaitement à l’ambiance, sans vous en mettre plein les oreilles, cette fois. Les thèmes vont du bon au très bon, en passant par le magnifique. Tous ont le mérite de coller parfaitement à l’ambiance qu’ils accompagnent. Le jeu comporte deux chansons. Si la première est en deçà de la qualité des deux hymnes magiques de Lunar 1, la seconde sauve dignement l’honneur, tant elle est magique et belle (et oui, c’est Lunar, beaucoup de magie !).


A défaut de ne pouvoir vous imprégner des musiques, quelques décors supplémentaires…

Après avoir fait le tour, je ne sais plus quoi vous dire pour vous convaincre de vous essayer à cette merveille. Vous dire que la durée de vie est tout à fait convenable (comptez une quarantaine d’heures au bas mot) et que les fans du premier épisode seront comblés de retrouver certains éléments et d’en apprendre plus sur l’histoire de Lunar. Des choses qui n’étaient qu’effleurées de manière assez frustrante dans le premier opus. Peut-être aussi vous parler du coffret magnifique de la version américaine. Malheureusement, cette version du jeu n’existe pas au Japon. Car si j’ai mis une date de sortie japonaise, il faut préciser que la version “Complete” n’est pas sortie au Japon. Cette version du jeu ne change absolument pas, mais, les Dieux bénissent Working Design, elle est aux Etats-Unis accompagnée d’un box magnifique comprenant un beau manuel relié en cuir, l’OST du jeu (un CD), un making of (1 CD), une carte en tissu, une superbe réplique du bijou de l’héroïne du jeu, et des petites figurines en carton. Bref, ça ne m’aurait pas déplu qu’ils offrent une Lucia en prime, mais on fera avec. Un coffret qui fera baver plus d’un collectionneur.


Lemina, magicienne cherchant à ranimer la gloire passé de Vane. Et pour se faire, elle a besoin de vos deniers, tenez-le vous pour dit.

Après avoir tant déblatéré de ce jeu que j’aime, je sens la frustration venir. La frustration du passionné, de l’amoureux, de l’admiratif, du contemplatif, celle qui accompagne chaque personne fort désireuse de faire partager sa passion, mais qui sent ne pas trouver les mots justes pour faire comprendre toute l’émotion que lui inspire son sujet. Quand je pense à Lunar, l’envie me prend d’acheter des exemplaires de ce jeu par centaines pour les distribuer aux passants, l’envie de leur faire découvrir Ronfar, le prêtre alcoolique et parieur en proie à ses démons, Leo, le paladin qui vous fera changer d’avis sur cette engeance, Lucia, la lueur d’humanité et ses si beaux tourments, Lemina la vénale, et tout ce petit monde magique qui tisse la trame d’un jeu où les rires et les larmes se mêlent.

Merci à Nooj et à Tchyo pour leurs remarques, à un éventuel futur correcteur définitif, et à Echy pour sa programmation toujours précieuse. Un grand merci au site Lunar-net par la même occasion, à qui je dois les précieuses images qui jalonnent cet article. Et enfin (surtout !), merci à Game Arts pour avoir enfanté Lunar et surtout Lucia. :D

Ecrit par LordYamaneko le 24 décembre 2005 | Modifié le 04 novembre 2007

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