Shingetsutan Tsukihime (Lunar Legend Tsukihime chez nos amis américains) est l’oeuvre de J.C. Staff (ndAniki : comme Jésus-Christ ?). Diffusé sur la chaîne japonaise TBS à partir d’octobre 2003, cet anime est à l’origine une adaptation de deux jeux vidéo assez connus au pays du Soleil Levant : Melty Blood (de la baston 2D) et Tsukihime (de la drague version hentai).
Sur un prologue (extraordinairement mis en scène) et 12 épisodes, Shingetsutan Tsukihime raconte l’histoire de Shiki Tohno, lycéen japonais et fils d’une grande dynastie. Cependant, Shiki cache un lourd secret, d’autant plus que sa mémoire lui joue constamment des tours : depuis un accident de voiture (8 ans avant le début de l’animé), il peut voir des “lignes” sur chaque chose, chaque objet, chaque personne, qui lui permettent, quand il les brise avec son couteau, de les détruire. Shiki souffre de ce don puisque personne, même son propre père, n’a voulu le croire lorsqu’il en parlait étant enfant. Heureusement, il rencontra durant cette période une “magicienne” qui le conseilla et lui offrit des lunettes (dont il ne se sépare depuis), lui permettant d’annuler la vision de ces “traits” composant chaque chose. D’une nature réservée, il est très fragile physiquement à cause de son accident (responsable aussi d’une amnésie par rapport à son enfance).
Par la suite Shiki a vécu dans une famille d’acceuil jusqu’à la mort de son père qui le contraint a revenir au domocile familial, une immense demeure de type occidental, une sorte de château. Là-bas, il est accueilli par sa soeur, assez stricte, chef de famille.
Le lendemain, Shiki croise une jeune femme blonde et est soudain pris d’une frénésie meurtrière : en brisant ses “lignes” vitales avec son couteau, il la découpe en 17 morceaux. Le jeune homme se réveille ensuite croyant avoir fait un mauvais rêve. Etait-ce la réalité ? Peut-être avait-il rêvé tout cela ?
Peu de temps après, il retourne sur le lieu de son “rêve” et croise à nouveau cette femme mystérieuse qui semble bel et bien avoir été sa victime. Pris de panique, Shiki détale à toute vitesse.
On apprendra bientôt, quand il la reverra, que celle-ci ne lui en veut pas : elle le remercie de l’avoir tuée, lui dit d’assumer son acte et, pire, qu’elle n’est pas une femme ordinaire mais un vampire. Shiki n’en croit pas ses yeux, mais finit par accepter les faits. Pour se faire pardonner de son acte vis-à-vis de ce vampire, nommé Arcueid Brunestud, il lui promet de l’aider à combattre ses ennemis vampiriques qui commettent en ce moment-même les pires atrocités : des meurtres pour le “sang”. Malheureusement pour lui, Shiki devra choisir entre ses sorties nocturnes, (pour aider la belle Arcueid) et sa relation avec sa soeur et ses amis proches. Il sera néanmoins quelque peu “obligé” de suivre la route d’Arcueid puisqu’il est arrivé à la tuer : il est très puissant, ce qui en fait un atout majeur dans la lutte contre les mauvais vampires. Il devra néanmoins gérer ses peurs…
Drôle de scénario donc, entre jeu de séduction et fantastique avec beaucoup d’originalité par rapport aux animes de vampires habituels. On a ici des relations très humaines et travaillées entre les différents protagonistes, assez peu d’action (ce qui n’est pas un défaut, surtout que les combats sont bien réalisés et intenses), une ambiance oppressante et triste (mais pas lourde) ainsi que pas mal de mysticisme. Et ça fonctionne à merveille avec un suspens bien intégré. Seulement, certaines longueurs peuvent gêner mais contribuent pour la plupart à l’ambiance et à la mise en place de l’évolution des sentiments des personnages. On est pris dans un déluge d’interrogations tout du long, avec des rebondissements bien pensés mais surtout beaucoup d’émotions. Ainsi, on se prend vite d’affection pour Shiki, héros peu banal et d’apparence frêle à la grande sensibilité (tout en étant un vrai tueur), et d’admiration (d’amour ?) pour Arcueid, personnage dorénavant culte de par sa beauté et son côté touchant (sa lutte contre ses instincts comme l’envie de sang), d’autant plus qu’elle n’est pas du tout caricaturale. La relation entre les deux personnages est d’ailleurs excellente, très maîtrisée et triste. Il est drôle de constater que le vampire ordonne à celui qui l’a tué et peut le tuer. L’anime joue grandement sur le paradoxe chasseur-vampire. Chaque personnage apporte beaucoup à l’autre, le duo est génial, tout comme la relation frère-soeur des Tohno. Quant aux ennemis et aux personnages secondaires, si l’on en sait peu, on les apprécie énormément (Roa et Ciel !).
On en vient à se demander comment une telle poésie (hors des affrontements) et une telle simplicité (ici ce n’est pas du tout un défaut) peuvent provenir à la base d’un jeu hentai… C’est sûrement l’effet Kimi Ga Nozomu Eien : une équipe artistique dévouée et appliquée profite à Shingetsutan Tsukihime.
D’ailleurs, le design est loin des stéréotypes des séries de vampires qui animent le cosplay (sauf pour Ciel peut-être) avec un univers réaliste, des tenues banales, sobres (mais des personnages classes) et une esthétique plutôt froide tout en étant belle. Aussi, on ne note pas d’abus au niveau de l’utilisation d’effets spéciaux dans ce Shingetsutan Tsukihime. Tout se joue sur le lyrisme ambiant, et les effusions de sang sont comme il faut : c’est gore mais pas trop, on est loin des extrêmes d’Elfen Lied. La plupart des personnages sont bien dessinés, malgré des visages parfois moyens ou de grosses lunettes (Shiki) peu valorisantes. Ils sont tout de même attachants et Arcueid demeure vraiment sublime de par sa fraîcheur et sa simplicité qui lui confèrent une certaine pureté (drôle de vampire).
Les musiques sont subjugantes, très mélancoliques avec des choeurs. Elles sont tout de même assez discrètes. Mention spéciale à l’introduction, The Sacred Moon.
Un anime excellent et émouvant pour les romantiques et les personnes sensibles. Ce côté fleur bleue n’est pas désagréable, mais que ça rassure certains, ceux qui aiment les vampires (loin des clichés) et les oeuvres sombres seront tout aussi comblés. Un anime simple et maîtrisé jusqu’aux bouts des crocs, bref, que du bon ! Et si vous n’êtes pas convaincus, regardez simplement le Prologue, ça vous mettra véritablement l’eau à la bouche.
Ecrit par Daku le 19 novembre 2005 | Modifié le 04 novembre 2007