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  • Xenogears - A Journey beyond the Stars
  • Titre français :
  • Xenogears - A Journey beyond the Stars

Xenogears - A Journey beyond the Stars.

ATTENTION CET ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS MAJEURS SUR :

  • Xenogears
  • 2001 : l’odyssée de l’espace (film & livre)
  • Les Enfants d’Icare
  • La Cité et les Astres

NB : Cet article contient de nombreuses révélations sur ces oeuvres, mais si vous n’avez pas lu celles-ci, ça ne gâchera en rien la surprise et la qualité des récits. Je vous les recommande d’ailleurs fortement puisque ce sont à juste titre des oeuvres de référence en matière de science-fiction. Je ne peux être en aucun cas tenu pour responsable d’un possible préjudice si vous décidez consciemment de lire ce texte alors que vous n’auriez pas lu les oeuvres précédemment citées (qui sont à mon avis en partie essentielles pour mesurer l’ampleur de Xenogears). Merci de votre compréhension.

~ The Beginning… ~

Xenogears est un RPG culte toujours loué pour son scénario efficace et son univers riche, le tout accompagné d’une science-fiction aidant à la mise en place d’une intrigue complexe. Cependant, ce n’est pas un secret, Xenogears est d’abord un énorme catalyseur de références philosophiques et littéraires, mais aussi cinématographiques. Ainsi, la plupart des éléments du jeu ne sont pas originaux en eux-mêmes, mais leur utilisation par une équipe de scénaristes doués, dont Tetsuya Takahashi, s’avère exceptionnelle pour un résultat imaginatif et surprenant. C’est pour cela que l’on peut ressentir énormément certaines influences et je vous propose donc une analyse de Xenogears comparativement à sa principale source d’inspiration : Arthur C. Clarke à qui l’on doit le scénario de 2001 : l’odyssée de l’espace (1968), chef-d’oeuvre révolutionnaire du cinéma américain, par le grand Stanley Kubrick, ou encore Les Enfants d’Icare (1953) et La Cité et les Astres (1956), qui partagent les mêmes idées que 2001 même si ce dernier a été développé autour d’une nouvelle nommée La Sentinelle (1948). Quels sont les éléments essentiels repris par Takahashi ? C’est ce que nous verrons dans l’analyse des principales figures de Xenogears, à savoir Zohar, Karellen, la lignée du -Contact- ainsi que Deus.

Arthur C. Clarke.
Arthur C. Clarke, une aussi grande figure de la S-F qu’Isaac Asimov.

I) Zohar

Zohar est incontestablement un des éléments les plus importants de Xenogears, et provient directement de 2001 : l’odyssée de l’espace. En effet, dans l’oeuvre de Kubrick, on retrouve un mystérieux monolithe noir essentiel au scénario. Zohar est lui aussi une entité monolithique mais dorée et possède en son sein un étrange oeil bleu-turquoise appartenant à Deus. Leurs dimensions sont les mêmes à savoir 1 mètre de profondeur, 4 de largeur et 9 de hauteur, soit les trois premiers carrés parfaits (à noter que Zohar a aussi la forme d’un Anima container géant). Tout comme dans 2001 : l’odyssée de l’espace, Zohar fut découvert en l’an 2001 AD (de notre calendrier) par les humains sur la planète Lost Jerusalem, alias la Terre. Son âge est estimé à environ 15 milliards d’années, c’est-à-dire à l’âge de l’univers, ce qui est aussi celui du monolithe trouvé quant à lui dans un gouffre daté de 3 millions d’années sur la Lune la même année dans le film de Kubrick par le Docteur Heywood Floyd. En réalité, alors que Zohar est unique, le monolithe noir est multiple : il en apparut effectivement un il y a 4 millions d’années auparavant sur Terre, dont le but était l’évolution de l’humanité. Car en vérité, ces monolithes sont l’instrument d’une volonté supérieure et surtout extraterrestre, qui se permet de juger si les espèces vivantes ont le droit ou non à leur aide pour se développer, et le droit ou non de survivre (thème largement renforcé dans Les Enfants d’Icare). Ainsi, les singes se mettent peu à peu à agir bizarrement sous un ordre inconscient et commencent à réfléchir en développant les outils, ce qui nous vaut une sublime scène de transition où l’os lancé par un de nos ancêtres à l’aube de l’humanité se transforme par un fondu exceptionnel en une station orbitale du XXIème siècle sur fond de Beau Danube Bleu par Johann Strauss. On peut d’ailleurs noter que dans Xenogears, l’introduction met en scène le schéma inverse avec le passage de la technologie à un début de renaissance de l’humanité avec Original Myyah Hawwa sur une planète Gaia (nous l’appellerons ainsi car la planète où se déroule Xenogears n’a pas de nom officiel), vierge de tout forme de civilisation et d’êtres conscients. Zohar serait aussi responsable de l’apparition de la vie sur Lost Jerusalem d’après le Perfect Works (NdEchy : Du moins est-ce un théorie avancée).

Zohar.
Zohar dans toute sa splendeur. :°)

2001 : l'odyssée de l'espace.
Attention, ce flim n’est pas un flim sur le cyclimse !

L’existence de Zohar a été révélée au monde entier et il est devenu un objet de culte. Mais au fur et à mesure, son rôle s’est cantonné à celui d’un instrument parmi tant d’autres (à cause d’un désintérêt et de baisses de crédits dans la recherche) pour les humains après sa modification en Zohar Modifier. Il est aussi devenu la prison d’une forme de vie supérieure : c’est une matrice énergétique capable de générer une quantité infinie d’énergie en se connectant à la dimension d’Existence et un actualisateur de phénomène qui fait partie intégrante du système Deus en tant que source d’énergie primaire. En effet, Zohar peut se connecter à la Wave Existence, une dimension supérieure apparaissant sous la forme de “vagues” énergétiques. Les spécialistes ont par la suite réussi à emprisonner Existence dans notre dimension (4th dimensionnal universe) grâce à l’incident de Miktam 04 Beta qui ouvrit un passage nommé Path of Sephirot vers cette dimension et qui vit Deus dégénérer et tout détruire de ce bras de la galaxie. Dans le même temps, la Wave Existence fut emprisonnée dans Zohar, que celle-ci appelle ‘cage of fleshly existence’ dans son dialogue avec Fei. Certaines théories affirment que c’est grâce à Zohar que les vaisseaux du type interstellaire ont pu être construits. A la base, son nom de code est MAM (Magnetic Abnormal Matter) en référence à l’AMT-1 (Anomalie Magnétique de Tycho n°1) de 2001. Les deux sont d’ailleurs indestructibles mais différents, même si Zohar ne peut être détruit que par un -Contact- total qui a hérité de la puissance de la Wave Existence. Zohar est l’instrument des volontés de puissance alors que les AMT sont à la fois des relais d’informations dans l’univers et surtout des passages spatio-temporels à travers celui-ci, ce que montre parfaitement la scène psychédélique du film où Dave Bowman voyage à la vitesse de la lumière. Enfin, si Zohar permet d’acquérir la puissance, c’est l’AMT qui symbolise celle des extraterrestres et permet à Bowman d’évoluer vers un nouveau stade de vie, sous forme d’ondes électromagnétiques. L’AMT n’est d’ailleurs pas vraiment une source d’énergie et stocke celle-ci grâce à son noir profond qui absorbe la lumière. Quant à leurs positions dans l’univers, si les AMT sont nombreux et voyagent d’eux-mêmes (voir 2001 et 2010), Zohar se retrouve quant à lui propulsé dans une grotte de Gaia nommée (Point) Bethleem après le crash de l’Eldridge.

Zohar à bord de l'Eldridge.
Zohar sur l’Eldridge lors du Contact avec Abel.

un AMT.
L’AMT il y a 4 milliards d’années.

Au final, la découverte de ces deux artefacts est un pas décisif de l’homme vers un avenir incertain et dangereux. Néanmoins, l’AMT n’est pas contrôlable et ne permet pas la destruction, contrairement à Zohar dont l’utilisation a précipité l’homme dans la conquête d’une galaxie hostile.

un AMT.
L’AMT sur la Lune avec une équipe de scientifiques dont le Dr Floyd.

“La Boîte de Pandore, songea Floyd, soudain saisi d’un pressentiment. Elle attend d’être ouverte par l’homme, cet insatiable curieux. Que va-t-il trouver à l’intérieur ?”

II) Karellen

Xenogears reprend aussi diverses idées des oeuvres d’Arthur C. Clarke pour ses personnages. Néanmoins, ce ne sont pas les principaux protagonistes de l’aventure qui sont au final les plus importants puisque les thèmes de Clarke sont repris pour Karellen et Lacan, les deux personnages de l’ombre mais aussi les plus travaillés dans ce projet ambitieux.

La fin du Path of Sephirot.
Le Path of Sephirot se referme pour de bon…

Dave.
Dave vieillissant et affrontant la mort devant les existences supérieures.

Le personnage de Karellen est l’incarnation par excellence de concepts “clarkiens”. En effet, son nom vient directement du livre Les Enfants d’Icare. Dans cette oeuvre, Karellen est un “Superviseur” d’une race extraterrestre nommée “Suzerains” venus sur Terre la veille de la conquête de l’espace par les hommes durant la Guerre Froide. L’arrivée de ces êtres inattendus stoppe toute offensive et compétition entre l’Ouest et l’Est. Peu à peu, la société terrienne se transforme en un “paradis” : un monde unifié, pacifique et riche grâce aux connaissances des nouveaux gouvernants venus d’ailleurs. Karellen est un être très intelligent qui contrôle tout et d’une bienveillance sans égale. Celui de Xenogears est identique même s’il instaure quant à lui une dictature dans une société moderne très raciste et élitiste. Il manipule l’Empereur Kain et est le vrai maître de Solaris (autre livre culte de S-F par Stanislas Lem), ce qui fait de lui la principale force de Gaia (et décide souvent des pires atrocités lorsque son plan est mis à rude épreuve par des éléments extérieurs, comme lorsqu’il décide d’expériences sur des humains ou ne s’oppose pas lorsque Graf élimine, grâce aux Diabolos, plus de 98% de la population mondiale dans la guerre qui l’oppose aux hommes). Contrairement à celui des Enfants d’Icare, il fait tout dans son propre intérêt. Mais tout se rejoint sur certains aspects des buts recherchés par les deux Karellen. Le Superviseur doit mener la Terre dans son évolution. En effet, notre espèce a été choisie pour évoluer à un stade de conscience supérieure par l’univers. Les Suzerains ne sont que des gardiens et des éducateurs venus pour que tout se déroule comme il faut. A la fin du roman, l’humanité disparaît et seuls les enfants de la dernière génération survivent, sous une forme évoluée : des consciences pures qui s’unissent à l’Overmind, entité supérieure de l’univers. C’est là que le principal lien avec Xenogears se fait puisque Karellen a pour but de transformer les humains, les -Lamb-, en ‘flesh of God’ c’est-à-dire de se servir d’eux pour ressusciter Deus afin qu’il puisse à son tour évoluer volontairement pour ramener sa bien-aimée Sophia d’entre les morts. Souvenez-vous de la mythique phrase ‘If God doesn’t exist in our world then I will create it with my own hands !’. Tout ce qu’il fait ne sert que sa volonté de puissance, il cherche à rejoindre un stade d’existence supérieur quels qu’en soient les sacrifices (son côté humain par exemple). Pour cela, il utilise Deus et Zohar afin de recréer le Path of Sephirot qui mène à la dimension de la Wave Existence. A la fin du jeu, Karellen est libéré de sa condition de mortel et de sa chair, il devient pure conscience et rejoint le monde de la Wave Existence, qui a d’ailleurs été réintégrée à sa dimension grâce à la destruction du Zohar. Son “envol” nous vaut la célèbre phrase ‘I go to walk with God [...]’ même si ce qu’il prend pour Dieu n’en est pas exactement un. Il intègre seulement la Wave Existence qui, bien que puissante, n’est pas forcément le créateur de l’univers, seulement ‘the place where all things were one’. Dans son départ, Karellen prend une forme angélique avec des ailes, ce qui rappelle la forme opposée du Superviseur, à savoir celle, caricaturale, d’un démon avec de grandes ailes. Son apparition est d’ailleurs très importante dans le livre. Karellen peut aussi être largement comparé à Dave Bowman, le Surhomme de 2001 (une oeuvre très nietzschéenne) puisque les deux sont éduqués, aiment l’art et en viennent à redéfinir leur propre morale, facteurs importants dans la théorie du philosophe allemand Friedrich Nietzsche : Karellen découvre la lecture et la nanotechnologie grâce notamment à Sophia, et chose amusante, son apprentissage se fait via un livre rédigé par Kim Kasim, première “réincarnation” (ndEchy : le terme de transmigration est plus accepté dans ce contexte) d’Abel. Dave, quant à lui, aime par exemple la musique classique ou les échecs tout en étant un astrophysicien émérite. Ensuite, Dave, à la fin de son aventure, évolue en affrontant sa propre mort face au monolithe et en acceptant la perte de tout ce qu’il avait connu jusqu’alors tel Karellen qui décide de tout perdre par amour. Il devient un enfant des étoiles, ici aussi un être de pure énergie sous forme d’ondes électromagnétiques (la dimension de la Wave Existence est composée de ces mêmes ondes dans Xenogears). Karellen est donc non seulement un personnage issu de l’univers d’Arthur C. Clarke mais il est aussi d’une originalité surprenante dans un rôle complexe puisqu’il possède de nombreux défauts (égoïsme, cruauté, etc.) que n’ont pas les grandes figures “clarkiennes”, ce qui fait de lui un protagoniste de qualité et au final profondément humain.

Karellen sous son ultime forme.
Karellen libéré (il n’a d’ailleurs plus les cheveux blancs de sa forme immortelle, ce qui montre que seul son esprit subsiste après la mort) (ndEchy : cela n’est pas sûr, il peut aussi s’agir d’une erreur de colorisation).

Dave Bowman.
Dave Bowman est devenu un enfant des étoiles !

III) Les Contact

La Cité et les astres de Clarke est aussi d’un grand intérêt car ce texte n’hésite pas à évoquer une humanité dans un avenir des plus lointains rappelant étrangement Xenogears : notre espèce a évolué vers une utopie artificielle. Seul le jeune Alvin, être Unique, fait exception dans ce système invariant ce qui rappelle plus ou moins Abel et sa “descendance”. Les hommes viennent désormais au jour de manière cyclique, par clonage, puisés dans les banques mémorielles de la cité de Diaspar, dernier refuge sur Terre des hommes qui y ont été repoussés par des envahisseurs ayant bien failli les supprimer jadis. Nul ne naît, nul ne meurt vraiment sur Diaspar. Les citoyens s’y épanouissent au gré de “sagas”, technologiquement assistées, qui permettent aux rêves et aux fantasmes de se déverser sans que quiconque ait besoin d’aller voir à l’extérieur de la cité ce qui s’y passe, chose qui est d’ailleurs interdite. Toute notion de changement est proscrite, la menace d’altération par le contact avec l’extérieur étant écartée par une organisation stricte de la société, un peu comme à Solaris. Alvin, qui vient de naître pour la première fois, à la différence des millions d’autres habitants qui enchaînent vie sur vie successives, représente le parfait grain de sable dans cette machinerie : mû par d’autres désirs, d’autres envies, il veut savoir ce qu’il y a au-delà des limites de la cité, voyager comme ses ancêtres dans l’espace infini et les myriades d’étoiles. La lignée capable du -Contact- est basée sur le schéma inverse dans Xenogears : ce sont des êtres uniques grâce au pouvoir que leur a conféré la Wave Existence par rapport aux autres humains, et Abel est d’ailleurs à la base le seul être humain d’origine sur Gaia venant d’ailleurs mais ils sont aussi les seuls à être des sortes de réincarnations avec les mêmes habilités (la peinture chez Kim, Lacan et Fei par exemple) ainsi que le même code génétique. Ils sont cependant des personnages importants qui remettent, tels Alvin, leur époque respective en cause. On peut tout de même établir un autre lien avec le cycle de Dune par Frank Herbert où apparaît Duncan Idaho, un combattant expert (comme Lacan et Fei) qui est ressuscité sans cesse sur plus de mille ans par l’Empereur-Dieu Leto II. Il connaîtra à chaque fois une fin terrible, et malgré ses diverses spécialisations, gardera toujours le même caractère. Dans le dernier tome du cycle, Duncan Idaho “retrouve” les souvenirs de toutes ses existences passées et réussit à contrer son destin tout comme Fei qui reçoit les souvenirs d’Abel, Kim et Lacan et finit par se libérer de l’Ouroboros qui inscrivait dans ses gènes une perpétualité des cycles de “réincarnation” (ce qui s’applique aussi pour les personnages d’Elly et Myyah – ndEchy : A la différence que Myyahele à la capacité de “gouverner” l’Ouroboros – ).

Fei.
Fei s’exerçant à la peinture, quel homme !

Original Myyah Hawwa.
Original Myyah Hawwa à l’aube de cette nouvelle humanité.

L'aube de l'humanité.
L’aube de l’humanité (au cas où).

Abel et le Gazel Ministry.
Abel et le Gazel Ministry.

IV) Deus

Enfin, s’il est un autre élément important dans Xenogears, c’est bien Deus, un système militaire d’invasion interplanétaire créé par les humains. C’est une sorte d’ordinateur qui, lorsqu’il tombe sur Gaia, met en place, grâce à ses composants, les plus évolués les éléments de son plan qui, à long terme, lui serviront à revivre. Il recrée la vie via Original Myyah Hawwa qui donne naissance au Gazel Ministry et à Kain qui gouverneront dorénavant dans l’ombre les sociétés humaines issues elles aussi de Deus. Celui-ci est donc en quelque sorte l’élément central sur Gaia (coupée du reste de l’humanité originelle), et chaque chose agit inconsciemment sous la volonté de Solaris qui manipule à maintes occasions les ADN des populations et met en place des plans afin de ressusciter Deus. Cependant, Karellen trahira le Gazel Ministry et Kain pour utiliser Deus à son avantage. Le Gazel Ministry trouvera d’ailleurs plus tard (après la perte de leurs corps matériels) refuge dans un ordinateur nommé SOL 9000, référence à HAL 9000 de 2001 : la légende veut que HAL soit inspiré du sigle IBM avec un décalage de lettres. Même si cela est faux, le SOL trouve son nom dans cette logique par rapport à l’ordinateur de 2001. Dans La Cité et les astres, Diaspar est une sorte de prison dorée, close sur elle-même, sagement gérée par un ordinateur omnipotent dont le seul défaut est de garder la Terre dans son coin, à l’écart des autres civilisations humaines qui auraient pu conquérir d’autres parties de l’univers. Dans Xenogears, Deus est tout de même plus vil.

Deus.
Deus, première forme : un embryon (introduction du jeu).

Deus.
Deus, quatrième forme : déclenchement de la destruction de la surface de la planète.

Dans l’introduction du jeu, il est transporté dans l’Eldridge à la suite de l’accident de Miktam 04 Beta. Démonté, il est amené dans une région éloignée de notre galaxie pour être analysé. Malheureusement, Deus prend le contrôle de toutes les fonctions du vaisseau. A ce niveau, il est directement à mettre en relation avec HAL (Carl dans la version française), l’ordinateur parfait de 2001 : l’odyssée de l’espace. Effectivement, HAL est l’ordinateur de bord du vaisseau Discovery. Malheureusement, il commet une erreur malgré son degré de perfection. Dave Bowman et son collègue Frank Poole décident donc de désactiver leur ami cybernétique. Or, ils n’avaient pas prévu que HAL entendrait leur conversation. Et celui-ci, selon sa logique mathématique, évalue la situation : pour lui, cela mettrait la mission en danger. HAL en vient surtout à craindre la mort (la désactivation), car étant parfait, il se rapproche de la conscience humaine : pris de sentiments humains tels que la crainte de la mort et l’égoïsme, il va tuer l’équipage en utilisant le vaisseau, hormis Dave Bowman qui lui résistera. Dans Xenogears, on peut supposer que Deus est lui aussi proche de la conscience humaine puisqu’ordinateur parfait. Il lance alors le fameux ‘You shall be as gods’ (sûrement comme avertissement, à moins que ce ne soit son but) sur les écrans de bord et se rebelle donc contre l’équipage en décimant tous les passagers avec les lasers de l’Eldridge. Aucune pitié, il tue même les civils et ceux qui fuient. Deus reconfigure la destination du vaisseau et indique les coordonnées de la ‘main planet’, qui est Lost Jerusalem. Pourquoi vouloir y aller ? On peut émettre l’hypothèse selon les thèmes “clarkiens” que Zohar, s’il est le coeur de la planète, puisse servir à Deus en regagnant tout son potentiel pour évoluer en conscience supérieure. Alors Deus pourrait réellement être un dieu. Pour recréer l’humanité à son image ? Pour détruire l’univers en guise de vengeance ? Il pourrait aussi devenir un dieu omnipotent en contrôlant le temps.

You shall be as gods.
La folie et la rébellion de Deus.

La destruction de l'Eldridge.
L’Eldridge est retourné contre ses créateurs.

HAL.
HAL bogue.

Heureusement, le capitaine de l’Eldridge réussit à épargner le reste de l’humanité en déclenchant l’autodestruction (la scène où le capitaine regarde une photo de sa famille avant l’explosion est aussi une référence à l’anime Top wo Nerae! aussi appelé Gunbuster) qui empêche Deus de réussir et l’envoie avec le vaisseau sur une planète toute proche, Gaia. Dans 2001, Dave Bowman réussit à désactiver HAL mais le Discovery n’en sortira pas totalement indemne… En tous cas, l’événement montre bien que l’homme n’est encore qu’un enfant à l’échelle de l’univers, et qu’il ne devrait pas choisir d’évoluer via sa technologie s’il ne sait pas s’en servir. Il veut jouer à Dieu mais ne contrôle plus rien, va dans le mauvais chemin. 2001 nous le montre dès le début avec Floyd dont le stylo s’envole à cause de l’apesanteur ou avec la gravité artificielle. L’homme n’est pas voué à l’espace car il n’en est pas encore à ce stade. Xenogears nous montre bien avec Deus que l’homme ne doit pas s’en remettre à ses machines qui entrainent la mort, mais plutôt placer la vie au-dessus de toute chose comme dans la philosophie nietzschéenne (idée aussi reprise avec les dernières paroles de chaque réincarnation d’Elly à l’égard du Contact : ‘Live !’).

La fin de l'Eldridge.
Le capitaine vient de regarder pour la dernière fois sa famille avant l’autodestruction…

Gunbuster.
(la même scène dans Gunbuster)

Dave Bowman.
Dave Bowman désactive HAL.

Dernière chose, Deus et HAL ont les mêmes représentations, à savoir un oeil bleu-turquoise incrusté dans Zohar pour le premier et un autre rouge pour le dernier (on pourrait aussi faire des petits rapprochements entre l’Eldridge et le Discovery ainsi que sur les planètes puisque dans 2001, l’action se déroule près de Jupiter et dans Xenogears, Gaia possède de nombreux anneaux…)

Zohar.
L’oeil de Deus incrusté dans Zohar…

HAL.
L’oeil rouge qui symbolise HAL sur le Discovery.

~ ...and the End. ~

Cette analyse montre donc que Xenogears possède un univers riche et complexe basé en grande partie sur les thèmes majeurs et sérieux d’un des plus grands écrivains de science-fiction. Le jeu s’offre le luxe de réutiliser les éléments qui ont fait le succès notamment de 2001 : l’odyssée de l’espace, avec des artefacts ésotériques, des ordinateurs défaillants, des sociétés sclérosées bien qu’avancées et des personnages étoffés. Tout cela est remanié avec brio pour donner au final un scénario intelligent et une intrigue rondement bien mise en place.

PS : le titre de l’article est en référence au premier nom de 2001 : l’odyssée de l’espace.

Ecrit par Daku le 31 décembre 2005 | Modifié le 16 avril 2008

Le 09/08/2007 à 22:38:33

Daku
Avatar de Daku
Inscrit le : 28/12/2006
Commentaires : 1137

Cet article peut paraître confus et fort long, et il l’est, mais je crois que c’est fort intéressant pour comprendre un peu mieux certaines logiques de Xenogears, bien qu’il soit vrai que d’autres références sont également en jeu comme Gunnm, Evangelion (mais ici aussi ça se rapporte à 2001), Solaris (il faut que je le lise !), etc… N’hésitez pas à faire valloir votre point de vue, sachez cependant que d’autres articles comme celui-ci, que j’espère bien intéressant, viendront par la suite.

Autre chose, j’ai marqué dans un passage qu’il y avait une critique de l’homme par rapport à l’espace. Je vais rectifier une chose : je ne me mets pas dans la tête de Takahashi ou de C. Clarke mais on peut noter que l’homme ne devrait pas faire confiance à sa technologie de cette façon pour évoluer et conquérir l’espace. Or, C. Clarke est confiant dans ses ouvrages à propos de l’humanité qui réussit toujours à donner de son mieux pour réaliser un contact (j’ai remarqué que ça revenait souvent) décisif avec ce qui est autre. Seuls Les Enfants d’Icare inaugurent un changement avec une humanité qui n’ira jamais dans l’espace avec cette phrase “les étoiles ne sont pas faites pour les hommes”. Mais l’auteur affirme bien dès le début que les opinions de ce livre ne sont pas les siennes. Il serait donc plus juste de voir en 2001 une critique sur la méthode d’accèder aux étoiles mais pas sur le fait d’y accèder.
Dans Xenogears, je ne sais pas si Takahashi voulait montrer les dangers de la technologie et des ambitions des hommes mais le thème revient souvent, notamment via Deus.

Dernier point, la première version des Enfants d’Icare se nommait Guardian Angel, ce qui est amusant puisque dans Xenogears c’est le nom du groupe de très haut gradés (ils peuvent s’interposer sur toute la chaine de commandement et font office d’espions) composé de Hyuga et Ramsus, sous les ordres de Kain, lui-même dirigé par Karellen.

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The one who attains the dawn, the dusk, and the darkness shall climb the path to heaven… Wiseman

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